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BLONDEL André (X1883)
Né le 28 août 1863 à Chaumont (Haute-Marne)Décédé le 15 novembre 1938 à Paris
Promotion X1883
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André Blondel est né en Haute-Marne le 28 août 1863 dans une famille ancienne issue de la noblesse bourguignonne. Au XIXe siècle, la lignée se trouve toujours à un rang relativement aisé de la société. Son père, Hippolyte, a ainsi été Procureur impérial de Chaumont tout en bénéficiant d’une solide formation dans le monde des lettres, qu’il concrétise en obtenant notamment le prix d’honneur de philosophie. Cette discipline se retrouve également chez un autre membre de la famille : Maurice Blondel. En effet, l’illustre philosophe n’est autre que le cousin d’André. Après avoir perdu sa mère à l’âge de neuf ans, le jeune homme se distingue par de brillantes études littéraires et scientifiques qu’il suit à Dijon. En 1883, le tout récent bachelier en sciences et en lettres est reçu à la fois au concours d’entrée de l’École Normale et de l’École polytechnique, pour laquelle il opte. Il est 15e de sa promotion en 1885 et est alors admis dans le service des Ponts et Chaussées d’où il sort major trois ans plus tard [1].
Un brillant ingénieur
Suivant l’usage, il est alors attaché au Secrétariat du Conseil Général des Ponts et Chaussées qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble sur ce corps. Un an plus tard, en 1889, il est nommé attaché au Service des Phares et Balises. En 1893, il est titularisé dans ses fonctions avec le titre d’Inspecteur Général des Ponts et Chaussées. Ingénieur en chef de 2e classe en 1908, de 1ère classe en 1912, puis Ingénieur en chef hors classe en 1919. Il reste dans ce service jusqu'à sa retraite, en 1927 [2]. En parallèle, il travaille dans de nombreux domaines et notamment sur des projets tenant de la physique ou de l’électricité appliquée, discipline qu’il crée à l’École des Ponts où il a été nommé professeur en 1893. Son état de santé ne lui permet malheureusement pas d’y enseigner. En effet, depuis 1892 il est handicapé par une semi-paralysie des jambes qui l’obligera à rester alité de manière quasi-permanente pendant près de trente ans [3].Dès sa sortie de l’École des Ponts, il a également réalisé des travaux en électrotechnique, et notamment l’étude des alternateurs et des moteurs synchrones et asynchrones. Il planche également sur les questions du transport de l’électricité.
Un pionner de l'électricité...
Avant tout, André Blondel se distingue par ses remarquables qualités d’électricien. En 1893, il est l’inventeur d’un oscillographe électromagnétique [4]. Il perfectionnera ce dernier pendant une dizaine d’années tout comme d’autres appareils de mesure tels qu’un hystérésimètre, un analyseur harmonique, ou des wattmètres. Par la suite, il utilise ses différentes créations pour étudier le fonctionnement de l’arc électrique à courant alternatif.Au cours la même époque, il commence à s’intéresser à la T.S.F. et œuvre notamment à l’amélioration de la réception et de la transmission, notamment dans le domaine de la radionavigation maritime et aérienne. Au cours de ses travaux il collabore avec un autre polytechnicien, Gustave Ferrié, à partir de 1900 et jusqu’à son décès, en 1932.
... Au service du Corps des Ponts et Chaussées
En 1908, alors qu’il vient d’être nommé Ingénieur en Chef, il fait des essais dans le domaine de la goniométrie en expérimentant un radiophare permettant aux navires de se repérer malgré la brume à La Rochelle et développe ces infrastructures les années suivantes. En 1911, il repense totalement le mode de fonctionnement des phares. Les modèles automatiques qu’il a développés sont installés sur toutes les côtes de France entre 1920 et 1930. En parallèle, l’ingénieur travaille également dans le domaine de la photométrie. Dès 1894, il propose l’utilisation du lumen comme unité de mesure de la puissance lumineuse. Cette dernière sera adoptée à l’échelle mondiale deux ans plus tard par l’International Electrical Congress. En 1900, avec Jean Rey, il met au point la loi portant leurs deux noms et qui est toujours utilisée pour l’étude des feux de signalisation à lumière pulsée.
Blondel dans la Grande Guerre
Durant le conflit, André Blondel travaille à diverses missions ayant trait à la défense nationale. A cet effet, il occupe le poste de président de la Commission technique des applications militaires de l’Électricité entre 1915 et 1918. Il étudie alors notamment la radiotélégraphie dirigée, utilisée par les militaires français basés aux frontières pour suivre les déplacements des corps allemands. Une note du général Mordacq datée du 1er avril 1919 met en avant son rôle dans le développement de la T.S.F. mais également son action de perfectionnement des réseaux électriques de la zone des Armées.A côté de cela, il commente également les actualités du conflit, comme par exemple la bataille de Verdun [5]. Il se montre également pessimiste à l’égard de l’issue du conflit. Il rejoint également les positions du pape Benoit XV qui, à trois reprises, a appelé à une paix blanche entre les belligérants.Outre ses activités et publications, une de ses propriétés à Perrecy-les-Forges, en Saône-et-Loire, est également réquisitionnée pour abriter un hôpital auxiliaire [6].
Une carrière remarquée
Tout au long de sa carrière, ses qualités scientifiques sont honorées par de multiples distinctions, françaises comme étrangères, telles que le prix Gaston Planté, qu’il obtient en 1897 pour ses travaux sur les courants alternatifs, ou le prix Hébert de l’Académie des Sciences qui lui est remis en 1908 pour ses études de l’arc électrique. Il est également membre de cette structure à partir de 1913 [7]. En 1927, il est nommé Commandeur de la Légion d’Honneur [8]. Au lendemain de la mort, de nombreux hommages lui sont rendus par les personnalités les plus éminentes du monde scientifique. Au cours de sa carrière, il a été l’auteur de plus de 250 publications en tous genres. Parmi ces dernières, on peut notamment citer l’Encyclopédie d’électricité industrielle en vingt volumes, à laquelle il se consacre au lendemain de sa retraite.
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Au lendemain de son décès, le 15 novembre 1938, l’ensemble de ses biens est légué à l’Œuvre des Apprentis et Orphelins d’Auteuil.
En 1942, un Comité de la Médaille Blondel est créé afin de récompenser des scientifiques, universitaires ou industriels, français ou étrangers, « pour des travaux exceptionnellement remarquables contribuant aux progrès de la Science et de l’industrie électrique et électronique, et menés avec le même souci de rigueur et d’approfondissement que ceux d’André Blondel ».
Un timbre le met également à l’honneur à l'occasion de la commémoration organisée le 21 mars 1942 à la Sorbone [9].
Sources et bibliographie
• Archives de l’École polytechnique, Dossier X1A (1883)• Dossier personnel de bénéficiaire de la Légion d’Honneur en ligne dans la base Leonore, cote LH/260/3.• MAGNIEN Maurice, « André Blondel 1863-1938, Un savant, un fondateur de la photométrie et de l’électronique » in Bulletin d’histoire de l’électricité, 1988.
Notes
[1] En parallèle, il obtient également une licence en sciences mathématiques (1885) et physiques (1889). Selon certaines sources, il parlerait huit langues.[2] Il termine sa carrière avec le grade d’Inspecteur général de 1ère classe au poste d’adjoint au directeur qu’il occupe depuis 1924.[3] Ce n’est qu’à partir de 1919 qu’il commence à se rétablir et se remet petit à petit à voyager, ce qu’il affectionne particulièrement.[4] Egalement appelé oscillographe galvanométrique, cet appareil reste longtemps en service et ne sera remplacé peu à peu par l'oscilloscope cathodique qu’à partir des années 1960.[5] Pour cette dernière il commente notamment la disproportion et les différences entre les artilleries française et allemande.[6] André Blondel y fondera un dispensaire pour les enfants pauvres de la région au lendemain de la guerre.[7] Il y succède au chimiste et physicien Louis-Paul Cailletet en tant que membre libre en avril 1913.[8] Il a auparavant été nommé chevalier de cet ordre en 1900 et officier en 1919.[9] Ce dernier sera en circulation entre le 14 septembre 1942 et le 6 février 1943.