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BOURGEOIS Robert (X1876)
Né le 21 février1857 à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin)Décédé le 13 novembre 1945 à Paris
Promotion X1876Grade le plus élevé atteint au cours de la carrière : général de division (artillerie)
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Robert Bourgeois naît à Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace, le 21 février 1857. Au lendemain de la défaite de 1870 et du rattachement de la région à l’empire allemand, son père, manufacturier, décide d’opter pour la nationalité française et s’installe à Rouen. Après une scolarité honorable, Robert entre à l’École Polytechnique le 1er octobre 1876 et en sort 44e sur 258 trois ans plus tard. Il opte alors pour l’artillerie et sort 2e sur 132 de l’École d’application avec le rang de lieutenant d’artillerie en 1880. Il sert alors au sein du 13e Régiment d’Artillerie [2] et, dès 1881, prend part à la campagne de conquête de la Tunisie. Gravement malade, il est cependant rapatrié en France avant la fin de l’année. En 1884, il est admis à l’École Supérieure de guerre où il est breveté d’État-major. En 1886 il est promu capitaine et est affecté, l’année suivante, à la direction de l’artillerie de Dunkerque.
Les premiers pas au service Géographique de l'Armée
C’est en 1886 que le capitaine Bourgeois est affecté à ce service pour la première fois. Ses fonctions y sont de plus en plus importantes au fil des ans. Les années suivantes, il est affecté à plusieurs missions géodésiques en Algérie et en Tunisie où il se spécialise dans les opérations de nivellement de précision et dans les déterminations d’intensité de la pesanteur. Il se fera alors remarquer par la qualité et la clarté des publications qu’il rédige à ce sujet. Malgré les sollicitations, Bourgeois reste un officier de terrain, et fera en sorte, tout au long de sa carrière, de prendre part lui-même à des travaux sur le terrain [3].En 1894, il est désigné à la tête du Service Géographique du corps expéditionnaire pour la campagne de Madagascar. Le 9 octobre 1896, il est promu chef d’escadron avec les honneurs de ses supérieurs : « Doué des plus grandes qualités et destiné au plus grand avenir. D'une intelligence très vive et très lucide ; d'une énergie, d'une activité et d'un zèle à toute épreuve ». En 1898, suite à ses brillants résultats, il est nommé chef de la section de géodésie au sein du Service Géographique de l’Armée.
Des talents scientifiques reconnus
Dès sa nomination, il fait preuve d’un goût prononcé pour l’enseignement alors qu’il est chargé d’enseigner la géodésie et l’astronomie de position aux officiers du Service Géographique de l’Armée [4]. En 1900, il est placé à la tête de la mission chargée de mesurer un arc de méridien en Équateur, sous le contrôle de l’Académie des Sciences. Cette opération, à la fois militaire et scientifique, dure jusqu’en 1906. Elle est alors de renommée mondiale et contribue au développement de l’influence française en Amérique du Sud. Fort de cette expérience, il est nommé à la tête du Service Géographique de l’Armée [5] dès 1911 et est promu général de brigade l’année suivante [6].En plus de cela, ses compétences scientifiques sont également reconnues. Le 11 août 1908, il devient notamment professeur d’astronomie et de géodésie à l’École polytechnique. Il le restera jusqu’en 1929 [7].
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Légende : Bourgeois, professeur à l’X entre 1908 et 1929
La Première Guerre mondiale
Dès sa prise de fonctions, Bourgeois prépare ses services afin d’être en mesure de faire face aux besoins cartographiques des armées dans un avenir proche. Dès la stabilisation du front à la fin de l’année 1914, il met en œuvre des méthodes nouvelles de préparation du tir d’après la carte. Sous son impulsion, les canevas de tir et les sections topographiques aux armées établissent des plans directeurs précis et une organisation du tir remarquable. A côté de cela, il crée également des sections de repérage par le son et des sections de recherches de renseignements par observation terrestre permettant de repérer aux mieux les batteries de l’artillerie ennemie.
Le 22 mai 1915 il est promu général de division. Ses hautes fonctions militaires ne l’éloignent cependant pas de ses recherches scientifiques pour lequel il est reconnu tout autant. Ces dernières le conduisent d’ailleurs à être élu au sein de l’Académie des Sciences le 18 juin 1917 [8] au sein de la section de géographie et de navigation. Le 20 septembre 1917, il est chargé de l'organisation sur l'ensemble du front du réglage du tir par coups fusants hauts. Pendant cette période, il collabore aussi avec une commission chargée d’élaborer les buts de guerre de la France. Dans ce cadre, il rejoint les thèses de l’État-major préconisant l’occupation de la rive gauche du Rhin. Au début de l’été 1918, ses compétences le conduisent à être nommé directeur de l’Artillerie [9] et du Train des équipages militaires, fonction qu’il occupe conjointement avec son poste de directeur du Service Géographique. Le 10 juillet 1918, il est nommé Grand Officier de la Légion d’Honneur avec la citation suivante : « Le Directeur du Service Géographique de l’Armée, a fait preuve depuis le début de la campagne de remarquables qualités techniques dans la direction d’un service particulièrement délicat et important ; par la vigoureuse impulsion qu’il a su lui donner, par ses reconnaissances personnelles du terrain qu’il a souvent poussées jusqu’en première ligne, a été un précieux auxiliaire pour le haut commandement depuis le début de la campagne. » Le 19 novembre 1918, il entre solennellement dans Metz aux côtés du maréchal Pétain.
Un politicien Alsacien au service de la France
Début 1919, il est atteint par la limite d’âge et est placé dans la 2e section. Il est finalement relevé de ses fonctions de directeur de l’Artillerie le 1er juin 1919 et est nommé directeur honoraire du Service Géographique le 24 octobre. Désireux de tirer profit de ses diverses expériences, il décide alors de se lancer en politique. Son esprit n’ayant jamais véritablement quitté l’Alsace [11], c’est cette région qu’il prend naturellement comme terre électorale. Il est d’abord élu Maire de Sainte-Marie-aux-Mines [12], son village natal, puis Sénateur du Haut-Rhin l’année suivante et se lance alors dans une carrière politique remarquable qui le conduira jusqu’à la vice-présidence de cette assemblée en 1934. Auparavant, il a également dirigé les commissions de l’Armée, de celle de l’Air et de celle de l’Algérie . Il ne quitte cette assemblée qu’à la fin de son second mandat , le 13 janvier 1936.A côté de cela, il ne perd pas de vue ses études scientifiques. Il poursuit toujours son enseignement à l’X et est élu membre du Bureau des Longitudes en 1921. Il préside le Comité National de Géographie à partir de 1920 ainsi que l’Union Géographique internationale lors du congrès parisien en 1931.
Il décède à Paris le 13 novembre 1945, quelques mois à peine après la cessation des combats de la Seconde Guerre mondiale.
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Légende : Bourgeois, professeur à l’X entre 1908 et 1929
Sources et bibliographie
• Archives de l’École polytechnique, Dossiers X1A et VI2A2 (1876)• Bulletin AX N°135, janvier 1946• Dossier personnel de bénéficiaire de la Légion d’Honneur en ligne dans la base Leonore, cote 19800035/175/22616• Livre d’or de la Sabretache, 1914-1918• Bourgeois Joseph Émile Robert, dossier individuel, Service Historique de la Défense
Notes
[1] Remerciements : Jean-Noël Grandhomme, Alain Savignol.[2] Au cours des premières années de carrière, Bourgeois est affecté à différents régiments d’artillerie toutefois, il semble qu’il n’y serve par de manière effective.[3] Ce sera par exemple le cas pour l’opération des longitudes en 1910-1911 ou encore lors de la mesure de la base de Lyon en 1911.[4] A ce sujet, il publie deux ouvrages reprenant ses recherches, à savoir Cours de Géodésie et d’Astronomie et Traité de géodésie élémentaire.[5] Il y est honoré en ces termes : « Le colonel Bourgeois dirige d'une façon remarquable le service géographique. En très peu de temps, il lui a donné une nouvelle impulsion, transformant et rajeunissant les méthodes, augmentant le rendement, obtenant d'un personnel bien choisi et bien commandé les plus grands efforts. Il a su faire face à toutes les demandes qui lui étaient faites et cela dans le minimum de temps. Grâce à lui, le service géographique est à hauteur, non seulement de sa mission scientifique comme il l'a toujours été, mais encore de tous les besoins de la guerre »[6] Entre temps, il a été promu lieutenant-colonel le 24 juin 1905 et colonel, le 25 mars 1909.[7] Au fil des ans, il occupe diverses fonctions au sein de l’École polytechnique. Ainsi, il représente l’Académie des Sciences au sein du Conseil de Perfectionnement et est membre du conseil de l’école au titre de personnalité civile entre 1920 et 1922. A côté de cela, il est également membre du conseil de la Société des Amis de l’École dont il sera vice-président.[8] Il sera élu président de cette dernière en 1932.[9] Il a auparavant occupé les fonctions d’adjoint pour l’artillerie de campagne à titre provisoire auprès du sous-secrétaire d’Etat à la Guerre, entre le 8 juin et le 23 août 1915.[10] Auparavant, il a été nommé chevalier le 27 décembre 1893, officier le 10 juillet 1907 et commandeur le 11 juillet 1914. Le 8 juillet 1930, il sera honoré de la Grand’Croix de la Légion d’Honneur. Il est alors parrainé par le Maréchal Pétain. Il également est titulaire de plusieurs ordres étrangers comme par exemple le grand cordon de Léopold, la Grand Croix Anne de Russie ou encore le titre de Grand officier de l’Aigle blanc de Serbie.[11] Au début de la guerre, il préside notamment une commission chargée de se pencher sur la situation particulière des Alsaciens-Lorrains.[12] Il démissionne de ce poste en 1924, reprochant à son conseil municipal d’avoir voté favorablement à l’introduction des lois laïques en son absence.[13] Il a également été membre de la commission des Affaires Étrangères.[14] Il est réélu en 1927.