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BOUVIER Henri (X1913)
Né le 4 juillet 1893 à ParisDécédé le 7 septembre 1975 à Paris
Promotion X1913Grade le plus élevé atteint au cours de la carrière : capitaine (artillerie)
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Au regard de sa parenté, on serait tenté de croire que tous les paramètres étaient réunis pour que Henri Bouvier devienne Polytechnicien. Fils de Joseph Adrien Bouvier, Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, et petit-fils de deux anciens élèves de la rue Descartes, Henri Joseph Marius Bouvier (X1847) et Jean Baptiste Jemme Delbalat (X1840), il tente et réussit le concours d’entrée à l’X à l’âge de vingt ans, en 1913. Son apprentissage y est cependant écourté par la déclaration de guerre et la mobilisation. Il se retrouve alors au 46e Régiment d’Artillerie de Campagne avec le grade de sous-lieutenant.
Un héros de la Grande Guerre
Tout au long du conflit, Henri Bouvier accumule les faits d’armes au sein de ses unités successives, et plus particulièrement dans l’artillerie de tranchée [1]. Il se retrouve en effet dans cette arme dès sa création, au milieu de l’année 1915 [2]. On le retrouve sur les principaux champs de batailles comme par exemple les Eparges en 1915 ou Verdun et la Somme en 1916. A la fin du conflit, il est capitaine et commande le 5e groupe de 155 de tranchée du 132e Régiment d’Artillerie Lourde avec lequel il entre à Sedan au lendemain de l’Armistice.De multiples citations témoignent de ses qualités et de sa bravoure. C’est par exemple le cas de celle du 27 avril 1915 faite à l’ordre de la 1ère Armée : « A fait preuve des plus grandes qualités de bravoure et de sang-froid dans la direction des lance-mines dans les tranchées de première ligne. Sa pièce étant indisponible, a pris part à plusieurs assauts avec l'infanterie et a lui-même installé une mitrailleuse momentanément privée de son chef ». Au fil du conflit, le jeune officier impressionne. Bien qu’étant artilleur, on le retrouve en première ligne, notamment pour des missions de reconnaissance et de repérage, comme en témoigne par exemple sa citation à l’ordre du 67e RI, le 12 août 1917 : « A exécuté le 12 Août 1917 les brèches dans le réseau ennemi avec une méthode et un sang-froid au-dessus de tout éloge. Voulant se rendre compte si ces brèches étaient praticables à l'infanterie pour laquelle il travaillait, est parti avec une patrouille exécutée par celle-ci pour reconnaître ces brèches, donnant ainsi le plus bel exemple de liaison des deux armes. »Le 8 mai 1917, il est blessé par balle à l’avant bras. A certaines occasions, il se retrouve au cœur même des combats, comme cela est par exemple relaté dans sa citation du 25 août 1918 à l’ordre du 40e Corps d’Armée : « Commandant deux batteries de tranchées chargées d'appuyer un coup de main, a accompagné volontairement l'un des détachements qui l'exécutait, lui a montré la voie à suivre à travers les réseaux extrêmement larges et imparfaitement détruits. A contribué par son exemple et son expérience des coups de main à la réussite de l'opération et à la rentrée sans pertes du détachement dans nos lignes. »Après la guerre, il est qualifié de « major-mili » par ses camarades, en raison de sa conduite héroïque à la tête de ses unités d’artillerie de tranchée. Au total, il est titulaire de onze citations et décorations, françaises et étrangères. Le 3 octobre 1915 il a été nommé officier de la Légion d’Honneur [3]. Au rang de ces dernières, on peut notamment citer la Military Cross qui lui a été remise par le Doc de Connaught. Malgré la fin du conflit, Bouvier espère tout de même poursuivre sa carrière sous les drapeaux. Afin de s’y préparer au mieux, il lui faut toutefois achever sa formation à l’X.
Une carrière militaire prématurément achevée
Il profite toutefois de ce retour au calme imposé pour se marier avec Madeleine Jeanne Marie Vignier, le 26 février 1919 à Paris. Il est alors capitaine à titre temporaire. Étant donné que l’unité à laquelle il est rattaché à ce moment, le 175e Régiment d’Artillerie de Tranchée, vient d’être dissoute, l’officier est détaché au 1er RA en tant qu’ « Officier-Elève » à l’École polytechnique. En effet, ce dernier est alors dans l’obligation de reprendre sa scolarité interrompue par la guerre à partir de mars 1919. Il y est alors choisi comme porte-drapeau de sa promotion. Après quelques semaines de scolarité, son état physique [4] l’empêche toutefois de suivre les cours pendant de longs mois [5]. En 1924, son état de santé aura finalement raison de ses espoirs de carrière militaire : il est réformé.Par la suite, il restera cependant actif en collaborant à des actions perpétuant le souvenir de la Grande Guerre et de ses victimes. A ce titre, il est l’auteur de deux ouvrages de souvenirs évoquant sa participation à la Grande Guerre [6] et il préside l’association « Les Crapouillots ». Son attachement à cette arme se retrouve également dans sa participation à l’érection du Monument des Crapouillots au Moulin de Laffaux aux côtés du général Raynal (X1888) et du colonel Hauet (X1889).
Une carrière civile remarquable
Après avoir été obligé de quitter l’armée, Bouvier décide de tenter sa chance dans l’industrie, et plus particulièrement dans l’industrie pétrolière. Après une première expérience à la Compagnie Saint-Gobain, il fonde la Société des Raffineries de Pétrole de la Gironde [7] dès 1929.Durant la Seconde Guerre mondiale, le Polytechnicien rejoint la Résistance dès la défaite de 1940. Il s’engage alors dans les Forces Françaises Combattantes et comme agent du réseau Vélite-Thermopyles. Ses actions seront récompensées par la Médaille de la Résistance et par la Croix de Guerre 1939-1945.De 1945 à 1949 il préside la Chambre Syndicale des Raffineries de Pétrole. Après un passage à Caltex qui dure jusqu’en 1951, il devint Ingénieur-conseil chez Suez, puis Vice-président de la Compagnie de Participation, de recherches et d'exploitations pétrolières, poste qu'il occupe jusqu’à son décès. Le 7 septembre 1975, il succombe finalement à un accident cardiaque à Paris.
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Légende : Le monument aux morts de l’artillerie de tranchée à Laffaux.
Sources et bibliographie
• Archives de l’École polytechnique, Dossier X1A (1913)• BOUVIER Henri, Les combats du « Godat », Pages d’Histoire de la 12e Brigade, Nancy-Strasbourg-Paris, Berger-Levrault éditeurs, 1925, 60 p.• BOUVIER Henri, Quelqu’un dira !, Paris, Jouve & Cie éditeurs, 1924, 188 p.• La Jaune et la Rouge, N°307, janvier 1976.
Notes
[1] En tout, ce seraient 72 polytechniciens qui ont servi dans cette arme, souvent qualifiée par le terme générique de « Crapouillots ». Onze d’entre eux y ont été tués.[2] Auparavant, au mois de mars 1915, il s’est déjà essayé à cette arme en servant des pièces de 80 de montagne utilisées comme lance-bombes.[3] Il sera encore nommé commandeur par la suite.[4] Durant son enfance, Bouvier a déjà souffert d’une coxalgie à la hanche gauche. Si l’évolution de sa maladie semble s’être arrêtée pendant plusieurs années, et notamment durant le conflit, elle reprend de plus belle en 1919 ce qui nécessite son immobilisation totale par le plâtre et un repos prolongé.[5] Étant payé par l’École, cette situation cause d’ailleurs divers problèmes.[6] Il s’agit de Quelqu’un dira !, paru en 1924, et du livre Les combats du Godat, paru en 1925.[7] Il en est l’administrateur-délégué jusqu’en 1951.