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3 questions à Grégoire Allaire (X 1983), donateur de la Fondation
En 1983, vous avez intégré l’X en tant qu’élève ingénieur. Quarante ans plus tard, nous vous y retrouvons, cette fois en tant qu’enseignant-chercheur et directeur de laboratoire. Pourriez-vous revenir sur les grandes étapes de votre parcours ?
Après mes études à l’École polytechnique, j’ai choisi de m’orienter vers la recherche en mathématiques et j’ai rejoint le Service d’études des réacteurs et de mathématiques appliquées du Commissariat à l’Énergie Atomique pour faire un doctorat. J’ai soutenu ma thèse consacrée à l’homogénéisation des équations de Navier-Stokes en 1989 avant de m’envoler pour les États-Unis où j’ai passé une année de post-doc au Courant Institute of Mathematical Sciences de l’Université de New York. Cette expérience a clairement affirmé ma vocation de chercheur. De retour en France, j’ai réintégré le CEA au sein du Département de Mécanique et de Technologie où j’ai exercé jusqu’en 1997. Parallèlement, je me suis consacré à l’enseignement, d’abord au Laboratoire d’analyse numérique de l’Université Pierre et Marie Curie de 1994 à 2000, puis à l’École polytechnique où je suis professeur de mathématiques appliquées depuis 2000. J’enseigne aux élèves du Cycle Ingénieur bien sûr, mais aussi aux étudiants en 2e année de master qui représentent un public essentiel parmi lequel sont recrutés les futurs doctorants. L’an dernier, et c’était une nouveauté pour moi, j’ai également donné des cours aux étudiants du Bachelor de l’X. J’encadre par ailleurs chaque année entre 5 et 8 doctorants. Cette activité donne lieu à des relations extraordinaires, presque confraternelles, et je dois avouer que c’est ce que je préfère dans le métier !
Durant votre carrière, vos travaux ont été récompensés par plusieurs prix et vous avez publié de nombreux livres et articles scientifiques. Quels sont vos sujets de recherche ?
Je consacre mes recherches à la simulation numérique et à l’optimisation en lien avec des applications dans les domaines de l’ingénierie et de la physique. Je m’intéresse par exemple à la physique des réacteurs nucléaires ou au stockage des déchets nucléaires qui posent une question de sûreté. Dans ces domaines où il n’est pas possible de faire des tests en conditions réelles, la simulation numérique, basée sur des algorithmes mathématiques qui s’améliorent d’année en année, est un outil indispensable. Je m’intéresse également à l’optimisation de la forme des structures mécaniques avec l’ambition de trouver une forme la plus solide et la plus légère possible pour des applications dans les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile. Pour mener ces recherches, nous travaillons étroitement avec des entreprises mais aussi avec d’autres laboratoires de Polytechnique. Ces collaborations peuvent prendre la forme de chaires d’enseignement et de recherche. Il y a quelques années, j’ai moi-même porté la chaire « Modélisation mathématique et simulation numérique » soutenue par EADS.
Vous êtes donateur de la Fondation depuis de nombreuses années et vous êtes aussi aux premières loges pour mesurer l’impact des dons. Pourquoi est-il selon vous important de soutenir l’X ?
J’ai découvert l’importance du don et de la philanthropie lors de mon post-doc aux États-Unis où la pratique est généralisée chez les Alumni qui redonnent à l’établissement qui les a formés. Il s’agit même d’un aspect essentiel du développement des universités anglo-saxonnes. En France où les mentalités ne sont pas les mêmes, l’État finance de moins en moins l’enseignement et la recherche si l’on rapporte les budgets alloués au nombre d’étudiants formés. Dans le même temps, les besoins en recherche ne cessent d’augmenter. Alors que les établissements sont engagés dans une compétition mondiale, il est nécessaire que les Anciens contribuent pour apporter à l’X des financements aujourd’hui devenus incontournables. Notre École est à la croisée des chemins et doit changer de dimension pour rester compétitive. Et à travers nos dons à la Fondation, nous pouvons l’y aider. Notre soutien a un impact concret dont je peux témoigner, à la fois en tant que donateur et en quelque sorte, en tant que receveur. L’X a été une chance incroyable pour nombre d’entre nous, alors afin qu’elle continue de prodiguer le meilleur enseignement à ses élèves et afin que sa recherche fondamentale comme appliquée continue de briller au meilleur niveau international, donnons !