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Victor Vadaneaux (X 1983), Grand donateur
« Enseignants-chercheurs et industriels feront, ensemble, avancer le savoir ». Avec franchise et une réelle affection pour l'X, Victor Vadaneaux partage avec nous sa vision de l'École de demain.
17 déc. 2014
Intégré à l’X en tant qu’élève international, vous en êtes sorti en tant qu’élève français. Un passage qui semble vous avoir profondément marqué.
Je n’ai que de bons souvenirs de l’X ! Le meilleur est d’ailleurs l’organisation de la coupe de voile d’Europe de La Rochelle à laquelle j’ai participé. L’ambiance était formidable car plusieurs écoles d’ingénieurs européennes participaient, une occasion rare à l’époque de rencontrer des étudiants d’autres pays. Plus sérieusement, l’expérience que j’ai eue à l’École polytechnique a été très riche grâce aux nombreuses opportunités de développement personnel et aux activités qui nous y ont été offertes. Impliqué dans le binet montagne, pour le Point Gamma, j’ai également fait partie de la section basket, puis gymnastique. Mais l’aventure polytechnicienne ne s’arrête jamais, puisque je compte encore aujourd’hui, parmi mes meilleurs amis, des camarades de l’X.
Devenir ingénieur, était-ce une évidence pour vous ?
Je ne dirai pas une évidence, car à l’origine, ce fut plutôt un automatisme, mes parents étant eux-mêmes ingénieurs. Cependant, c’est devenu un véritable choix car j’ai toujours été passionné par la science. Pendant mes années d’études, j’ai eu l’occasion de réaliser des stages chez France Télécom, EDF, Schlumberger Cartes à Puce ainsi que Roussel Uclaf dans l’industrie pharmaceutique, et ensuite d’intégrer Télécom Paris. J’ai compris grâce à cela que l’entreprise aussi m’attirait, et que science et entreprise ont besoin l’une de l’autre. Aujourd’hui, j’allie les deux : Président Exécutif de North Thin Ply Technology, une entreprise qui commercialise des matériaux et technologies d’automatisation dans les composites, je crée des passerelles avec le monde universitaire grâce aux contrats de recherche.
Comment faire pour rapprocher, justement, le milieu scientifique des entreprises et industries ?
Déjà, il faut saluer les nombreux efforts qui sont faits depuis quelques années pour rapprocher, à l’X, les mondes académique et scientifique de l’entreprise. Les élèves sont mieux informés, comprennent mieux le monde de l’entreprise, et les stages jouent un rôle clé dans ces coopérations. Désormais, il faut encourager et renforcer ces synergies, car ce sont de ces synergies qu’émerge l’innovation, et de l’innovation que naît le succès ! Par exemple, avec l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), je vis tous les jours cette relation. Nous travaillons ensemble, ainsi qu’avec quelques autres entreprises, sur une étude qui concerne les résines dures appliquées aux plis minces de fibres unidirectionnelles de carbone, avec des applications dans l’aérospatial. Les enseignants-chercheurs nous apportent un laboratoire d’essais, une méthodologie, et un savoir-faire plus profond et plus vaste, mais moins appliqué que le nôtre. De notre côté, nous leur offrons un projet rémunéré qui participe à l’évolution de leurs travaux de recherche. En somme, nous nous entraidons, en nous assurant que l’apport de chacun est reconnu dans un accord de partage de la propriété intellectuelle issue du projet. Il faut retenir qu’enseignants-chercheurs et industriels feront, ensemble, avancer le savoir.
Figurant parmi les tout premiers élèves roumains à avoir intégré l’X, selon vous, quelle place l’X peut-elle jouer à l’international ?
Cet axe est essentiel. Le monde se globalise de plus en plus, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan social. L’X doit non seulement inscrire sa stratégie dans cette logique, mais aller de l’avant dans ce développement. Pour cela, il faut qu’elle s’appuie sur son réseau. Aujourd’hui, de nombreux Polytechniciens travaillent à travers le monde, et beaucoup ont un positionnement professionnel visible. Selon moi, ce sont eux qui doivent aider à porter le rayonnement de l’École. Et ils y ont un intérêt, car il en va de la valeur internationale de leur formation a l’X. De même, les élèves étrangers qui viennent à l’X sont de vrais vecteurs de rayonnement. Je suis ravi de voir que, maintenant, d’autres élèves d’Europe de l’Est, ainsi que des élèves chinois, russes ou brésiliens, intègrent l’X.
Vous portez un fort attachement à votre École, et vous l’avez démontré en devenant Grand donateur.
La première fois que j’ai rencontré un Ambassadeur de la Campagne, ma réaction a été « Mais l’X a tout l’argent de l’Etat à travers le Ministère de la défense, pourquoi venir m’en demander ? » Et j’ai compris : trop habitués à recevoir et à ne pas donner, nous, les Anciens, avons implicitement pensé que l’Etat allait se charger seul du développement de l’Ecole. Mais ce monde est révolu, et toutes les grandes universités dans le monde s’appuient sur leurs réseaux d’Anciens. Je le vois avec Harvard, où j’ai aussi étudié, et qui, malgré des ressources importantes en comparaison, engage continûment un dialogue de donnant-donnant avec les anciens étudiants, non seulement pour son financement, mais aussi pour de la formation continue, des relations avec les entreprises, ou pour former les étudiants pendant leur scolarité. Pour la faire avancer, pour conserver son excellence, l’X a besoin de nous, de ses Anciens. Etre donateur, c’est construire un lien particulier avec son École et devenir partie-prenante de son projet.