Des Armées en transformation ont un besoin accru d’ingénieurs – DGA

La France fait face à des défis immenses en matière de défense et renforce fortement les capacités de ses Armées tout en les transformant profondément, a souligné Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’Armement, dans une intervention à l’École polytechnique.

S’exprimant devant les promotions X20 et X21, Emmanuel Chiva a souligné le besoin pour le secteur de la Défense des ingénieurs formés par l’École polytechnique.

La Direction générale de l’Armement, qui exerce la tutelle de l’X dans le cadre du statut militaire donné à l’École par Napoléon 1er en 1804, conduit les programmes d’armement et emploie de nombreux ingénieurs de l’armement recrutés principalement parmi les ingénieurs polytechniciens.

La nouvelle loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, présentée le 22 janvier par le Président de la République, chef des Armées, prévoit une enveloppe de 413 milliards d’euros, un tiers de plus que la précédente LPM, pour transformer les Armées et leur permettre de répondre aux défis immenses du retour de la guerre en Europe avec le conflit ukrainien, de la résurgence des affrontements entre blocs et du risque terroriste toujours présent.

Faire face aux enjeux d’une économie de guerre implique un renforcement de l’outil de défense pour assurer une souveraineté nationale dans certains secteurs et filières stratégiques, a souligné Emmanuel Chiva.

De nouveaux défis comme celui du réchauffement climatique imposent de « revoir certains fondements de notre société avec des impacts majeurs sur la défense », a-t-il poursuivi.

Des projets complexes de grande envergure

Premier investisseur de l’État avec 20 milliards d’euros mobilisés chaque année pour la conception, la réalisation et l’entretien des équipements de défense, le ministère des Armées mène de nombreux projets complexes et de très grande envergure qu’a énumérés Emmanuel Chiva : de la conception du sous-marin nucléaire lanceur d’engins de 3e génération au projet franco-allemand de char de combat (MGCS) en passant par le programme de porte-avions de nouvelle génération à propulsion nucléaire ou le SCAF, l’avion de combat du futur et son système de drone.  Il a aussi évoqué les besoins nouveaux ou renforcés dans le domaine du spatial, de la cybersécurité, de l‘intelligence artificielle ou du quantique.

« Le corps des ingénieurs de l’armement est une pépite pour le ministère des Armées. Leur technicité et leur capacité de management de grands projets sont extrêmement précieuses que ce soit à la DGA, pour l’ensemble du ministère et bien au-delà, au sein de la fonction publique ou de l’industrie », a relevé Emmanuel Chiva.

« L’État a de plus en plus besoin de dirigeants avec une forte culture technique, d’ingénieurs de haut niveau, dans un contexte de concurrence des talents. La maîtrise technologique est au cœur de l'État stratège porteur d'une vision partagée de long terme », a-t-il déclaré.

La Défense a besoin de femmes

Le Délégué général pour l’Armement a rappelé que la DGA est l’un des premiers employeurs d’ingénieurs polytechniciens et a souligné que le recrutement dans le corps des Ingénieurs de l’Armement a fortement augmenté passant de 18 il y a quelques années à 26 en 2023.

« Dans un monde où civil et militaire se rejoignent dans de nombreux domaines, où le travail en équipe pleinement intégrée est indispensable, le corps des ingénieurs de l’armement doit favoriser les mobilités, les respirations entre la sphère publique et privée, en particulier avec l’industrie, dans l’ambition de toujours mieux servir l’État », a-t-il dit.

« L’innovation est au centre des enjeux pour gagner la guerre de demain : nous avons besoin de cadres créatifs, curieux, entrepreneurs, qui soient capables d’interagir avec les startups », a ajouté Emmanuel Chiva.

A l’adresse des élèves polytechniciennes, il a lancé : « la Défense a besoin de femmes : elles s’y épanouissent pleinement, loin des clichés parfois associés au secteur. »

« Quel que soit votre choix, ayez toujours en tête l’intérêt du pays pour vos actions! » a conclu le Délégué général pour l’Armement avant d’échanger directement avec les polytechniciennes et des polytechniciens venus l’écouter.