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La responsabilité sociale et environnementale change les investissements
« En 2007, seulement 1% des investissements étaient responsables socialement et environnementalement, contre 20 à 30% aujourd’hui » explique Patricia Crifo, porteuse de l’initiative de recherche « Finance durable et investissement responsable », professeur à l’École polytechnique et chercheuse au Centre de recherche en économie et statistique (CREST*) à l’événement « Partageons l’économie » organisé par La Tribune ce 20 mai 2021. Cet événement a été pensé pour mettre en évidence les solutions pour faire du capitalisme durable une arme concurrentielle et un outil pour le bien commun.
Le mouvement d’investissement responsable se développe sur les marchés financiers sous l’action d’activistes. Cependant, « les investisseurs ont également un rôle à jouer, et l’on voit déjà émerger des actions emblématiques » nous explique Patricia. En effet, on peut notamment citer l’initiative Climate action 100 qui rassemble aujourd’hui 575 investisseurs avec pour but que « les plus grandes entreprises émettrices de gaz à effet de serre au monde prennent les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique ». En outre, Black Rock et le Fonds souverain norvégien, deux des fonds d’investissement mondiaux les plus importants, ont la capacité de s’opposer aux managements des entreprises lors des votes aux assemblées générales pour faire avancer les questions environnementales. Le fonds norvégien reste néanmoins nettement plus mobilisé sur les enjeux climat que Black Rock.
« 2020 a été une année charnière » nous livre Patricia, « la loi PACTE a deux ans et le monde post-covid a remis les enjeux sociaux au sein des débats et des projets des entreprises. Des profits plus faibles rendent plus flagrantes les inégalités. » Pour elle, il est nécessaire de renforcer l’influence des salariés dans le devenir des entreprises. « Les enjeux de la gouvernance sont centraux pour la RSE [responsabilité sociale et environnementale]. »
Lucie Pinson, fondatrice et directrice générale de l’ONG Reclaim Finance, déclare sur le même sujet que « la finance doit, par nécessité, être moteur du changement. Or, en 2020, la crise sanitaire a augmenté le financement des énergies fossiles ! »
Au cours de la journée, d’autres invités ont pu prendre position sur l’impact de la RSE sur le monde de la finance. Bruno le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, qui a ouvert la journée avec une interview, nous a livré que « le profit pour le profit, c’est fini. Il n’y aura pas de réussite économique pour les entreprises qui ne s’engagent pas dans l’environnement. La finance verte a déjà chassé la finance grise. »
Elisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, tient à « féliciter les entreprises qui ont compris que la diversité et la mixité est au cœur de leur réussite et leur durabilité. La RSE n’est pas une case que l’on coche mais quelque chose en quoi on s’engage. »
Olivia Grégoire, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, soutient que « la valeur ajoutée de l’entreprise ne se résumera pas à ses actifs financiers ». Elle nous révèle que « d’ici une semaine la France présentera une plateforme qui proposera à toute entreprise française de publier tout ou partie de ses indicateurs de performance sociale, environnementale et de gouvernance ». Cette évaluation portera sur 47 co-indicateurs, et les résultats seront présentés au format open data, visibles, lisibles, et réutilisables.
*CREST : une unité mixte de recherche CNRS, École polytechnique - Institut Polytechnique de Paris, ENSAE Paris - Institut Polytechnique de Paris, GENES
>> à propos de l’initiative de recherche :
Avec comme principal enjeu la responsabilisation sociale et environnementale des investissements des entreprises, l'initiative de recherche « Finance Durable et Investissement Responsable » est portée par Patricia Crifo et Sébastien Pouget. Soutenue depuis 2007 par une dizaine de mécènes, cette Chaire élargit le champ des théories et pratiques de la finance pour mieux prendre en compte l’environnement social et le développement durable dans la gouvernance des entreprises.