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La sobriété, facteur de souveraineté pour l’Europe - Antoine Pellion – SGPE

Antoine Pellion, Secrétaire général à la Planification écologique, est venu à la rencontre des étudiants de l’X et d’IP Paris. Il a présenté les travaux du SGPE et tracé à cette occasion quelques perspectives d’avenir.
19 fév. 2025
Soutenabilité

Face au président américain Donald Trump qui a dégainé l’arme commerciale avec ses droits de douanes ou au dirigeant russe Vladimir Poutine qui manie celle de l’énergie et de son coût, la France et l’Europe doivent devenir sobres en intrants pour assurer leur survie économique, a estimé Antoine Pellion lors d’une conférence devant les étudiants de l’École polytechnique en sa qualité d’encore Secrétaire général à la Planification Écologique.

Il avait annoncé, la veille de son intervention, sa démission du Secrétariat Général à la Planification Écologique (SGPE), organisme interministériel, placé sous l’autorité du Premier ministre et qu’il animait depuis sa création en juillet 2022. 

« Devenir sobre en intrant, c’est un synonyme d’une planification écologique réussie », a souligné Antoine Pellion qui quittera ses fonctions à la fin du mois de février pour rejoindre le groupe énergétique Idex en tant que directeur général adjoint chargé du développement. Il demeure membre de l’Association « La planification écologique » qui rassemble toutes celles et ceux qui veulent se mobiliser et agir pour une transition écologique systémique et juste et dont il est l’un des cinq fondateurs. 

« Planifier est un exercice essentiel pour se donner les moyens d’agir sur le long terme dans un monde qui fonctionne souvent dans l’immédiateté, un exercice essentiel pour coordonner des efforts multiples, articuler des actions isolées d’entreprises, de collectivités territoriales, de citoyens et bâtir une transition écologique qui ne repose pas sur des décisions éparses mais bien sur une vision systémique, structurée et ambitieuse », avait rappelé Laura Chaubard, présidente et directrice générale de l’X dans son mot d’accueil.

Avant un échange avec les étudiants, Antoine Pellion a présenté les grandes lignes de la méthode du SGPE pour accompagner et suivre la réalisation de l’objectif de la France de réduire de 55% en net ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport au niveau de 1990 puis d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. 

Il a présenté l’analyse à la fois sectorielle (agriculture, bâtiment, industrie, transport, énergie) et fonctionnelle (se nourrir, se déplacer, produire…) conduite par le SGPE pour élaborer la trajectoire de réalisation de ces ambitions.

« Entre 1990 et 2020, nous avons fait la moitié du chemin de baisse (sur les émissions de gaz à effet de serre, NDLR), et nous avons dix ans pour faire l’autre moitié, ce qui donne une métrique de l’ampleur des efforts à fournir », a averti Antoine Pellion en ajoutant que la marche est extrêmement forte dans le transport, importante dans le bâtiment et l’industrie et plus modérée dans l’agriculture avec une particularité dans le secteur énergétique, lié au parc nucléaire. 

« Pour l’instant, nous avons plutôt tenu l’objectif, ce qui est une bonne nouvelle et en 2024 nous étions tout juste sur la trajectoire. La mauvaise nouvelle, c’est que la dérivée n’est pas bonne et nous sommes en train de ralentir notamment sur les transports et le logement et nous risquons dès 2025 de commencer à creuser l’écart (par rapport à l’objectif, NDLR) », a-t-il prévenu. 

EAU & FORÊTS

Le SGPE s’assure aussi du bouclage physique et énergétique de ses scénarios. 

« Il faut s’assurer lorsque l’on met en œuvre tout un ensemble d’actions de transformation, l’on dispose d’assez de biomasse, d’assez d’énergies décarbonées pour que tout cela puisse fonctionner », a souligné Antoine Pellion. 

Il a en particulier évoqué les limites en termes de biomasse et leurs conséquences sur le rapport entre terres agricoles et forêts d’une part et sur le rapport entre terres agricoles destinées à la production nationale et à l’export. 

« La forêt française s’étend chaque année et pour autant entre 2010 et 2020, la croissance annuelle du bois (qui est un puit de carbone) a été divisée par deux à cause du changement climatique : comme il fait plus chaud et qu’il y a moins d’eau, les arbres grandissent moins vite et leur mortalité est plus élevée », a-t-il noté. 

A quelques jours de l’ouverture du Salon de l’Agriculture 2025, il a estimé qu’à long terme, il faudra probablement changer l’allocation entre terres agricoles et forêts pour plus de forêts. « Il faudra aussi probablement se poser des questions sur l’élevage qui consomme beaucoup de biomasse. »

Il a aussi averti qu’avec un réchauffement à +3° (par rapport à l’ère préindustrielle, NDLR), « qui est désormais le scénario le plus probable et correspond à +4° en France, il faudra drastiquement changer notre rapport à l’eau et nos usages de l’eau. »

Antoine Pellion a enfin évoqué la territorialisation de la planification écologique et les travaux du SGPE pour la décliner à l’échelle régionale, départementale, voire des intercommunalités et bien sûr la question du financement dans un contexte des finances publiques très contraintes et de la rentabilité ou de l’absence de rentabilité des différentes actions souhaitables. 

« Il faut arriver, vous le voyez, à naviguer avec de très nombreuses contraintes, dans un océan de café du commerce, pour reposer les bases d’un sujet plein d’interdépendances et arriver à des solutions en les portant jusque dans les décisions opérationnelles des entreprises et des pouvoirs publics », a-t-il conclu soulignant la nécessaire contributions des ingénieurs à cet exercice extrêmement complexe ! 

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