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La start-up Neamine lutte activement contre le déréglement climatique

30 oct. 2024
Campus, Entrepreneuriat, Entreprise, Innovation

Créée en 2023, la start-up deeptech Neamine positionnée dans le secteur de la Greentech a été co-fondée par deux jeunes entrepreneurs, Thomas Delhon et Alexandre Meurisse. 

Ils témoignent pour vous aujourd'hui de leur parcours et de leur engagement face aux enjeux environnementaux et spécifiquement sur le traitement du CO2 dans l'atmosphère.  

Ils sont accompagnés au sein de l'incubateur X-UP depuis avril 2024 dans le cadre du programme X-UP Create pour une durée de 10 mois au total. 

 

LES ENTREPRENEURS ET LA START-UP

 

Quel a été votre parcours de formation ? 

Thomas Delhon : 25 ans, je suis un ingénieur spécialisé dans l’aérospatial, et j'ai également suivi un mastère spécialisé dans l’entrepreneuriat et le management.

Alexandre Meurisse : 32 ans et je suis docteur ingénieur en matériaux et procédés, en particulier pour ce qui touche à l'utilisation des ressources lunaires.

 

Se lancer dans l'entrepreneuriat : quel a été votre déclic ? 

Thomas : Même si je pense avoir toujours eu un état d’esprit entrepreneurial, le déclic pour Neamine est arrivé durant mes études d’ingénieur lors d’un projet de fin d’études. Durant mes années de bac+5 et bac+6, j’ai poursuivi sur mon temps libre le projet, et j’ai pivoté à de multiples reprises, avant de créer officiellement Neamine en octobre 2023.

Alexandre : Durant mon parcours j’ai eu l’occasion de travailler dans différents environnements, que ce soit dans le cadre de mon doctorat ou de mon expérience à l’agence spatiale européenne. Après avoir rejoint une startup en Chine et découvert de l’intérieur le monde de l’entrepreneuriat, j’avais à cœur de revenir en France pour monter Neamine avec Thomas qui m’en avait parlé lorsqu’il était encore en études. 

 

Quel est le pitch de votre start-up et comment vous est venue l’idée de ce projet ? 

Thomas : Chez Neamine, nous luttons activement contre le dérèglement climatique en faisant de la séquestration de carbone atmosphérique à long terme via la production de biochar. De par sa composition et ses propriétés, ce biocharbon est aujourd’hui beaucoup utilisé dans le milieu agricole où il permet d’améliorer la qualité des sols et leur capacité de rétention en eau, et favorise la prolifération de micro-organismes bénéfiques. 

Alexandre : Grâce notamment à notre technologie brevetée, nous avons la production de biochar la plus décarbonée du marché, ce qui nous permet de mieux répondre aux problématiques actuelles du biochar. En effet, en utilisant une énergie thermique très abordable et complètement décarbonée pour produire notre biochar, nous maximisons la quantité de biogaz re-valorisable et limitons ainsi les émissions de CO2 liées à sa combustion pour notre procédé.

 

À quelle étape en êtes-vous dans votre parcours entrepreneurial ? 

Thomas : Nous avons bouclé notre première levée de fonds en phase pre-seed à l’été 2024 avec des investisseurs tels que Campus Fund, BPI France, et des business angels. Cela nous a permis de développer un premier démonstrateur technologique aujourd’hui opérationnel permettant de produire de premiers volumes de biochar. 

Nous sommes maintenant en pleine préparation pour une nouvelle levée de fonds en 2025, avec pour objectif de financer notre première unité pilote industrielle, Belenos.       

 

Quelles-sont vos prochaines étapes ? 

Alexandre : Nos prochaines étapes concernent notamment les tests de notre démonstrateur technologique que nous venons d’installer sur le site du SIRTA, laboratoire de recherche atmosphérique de l’IPSL. Nous avons également l’objectif de compléter notre prochaine levée de fonds courant 2025 pour la construction et l’opération de notre première unité de production industrielle Belenos.

Thomas : Nous travaillons également activement à l’obtention de nos premiers contrats pour l’installation de Belenos, qui pourra aussi bien se faire en France ou à l’étranger. Nous allons également bientôt débuter une vague de recrutement, qui commence par l’arrivée d’un nouvel associé en fin d’année. 

 

LE PROGRAMME D’INCUBATION X-UP CREATE 

 

Dites-nous plus sur votre expérience au sein de l’incubateur X-UP de l’École polytechnique et en quoi concrètement ce dernier permet à votre entreprise de se développer ? 

Thomas : Rejoindre la promo X-UP Create #17 de l’incubateur a été pour nous un vrai tournant. L’accompagnement de l’ensemble de l’équipe d’X-UP nous permet de résoudre les nombreux problèmes qui se posent dans le quotidien d’un entrepreneurs. De plus, nous bénéficions d’ateliers avec des intervenants experts des sujets financiers, commerciaux, ou encore de communication et pouvons les solliciter selon nos besoins spécifiques. Le réseau de Polytechnique est également d’une grande aide, nous avons grâce à celui-ci fait des rencontres qu’il nous aurait été très difficile à faire autrement.

Alexandre: En plus de l’accompagnement entrepreneurial, l’espace de prototypage X-Fab nous a permis de concevoir et tester rapidement notre démonstrateur technologique. Ce soutien a été déterminant pour accélérer notre phase de R&D et concevoir notre démonstrateur en un temps record !

 

LE POSITIONNEMENT DANS LE SECTEUR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES 

 

Vous oeuvrez dans le secteur de la production d'énergies renouvelables et bien sûr spécifiquement l'énergie solaire, que pensez - vous de l'avenir de cette industrie en France et à l'international ? 

Thomas : Heureusement pour le climat, la dynamique actuelle est bonne pour le développement des énergies renouvelables et bas carbone. À l’heure où il est parfois recherché d’opposer les sources d’énergies bas carbone aux autres, nous sommes persuadés chez Neamine que toute solution décarbonée est bonne à prendre, en particulier l’utilisation de l’énergie solaire concentrée qui nous permet d’avoir un coût de l’énergie thermique compétitif.

Alexandre : En plus d’utiliser l’énergie solaire concentrée lorsqu’il fait jour et que la météo est adéquate, notre technologie est couplée à un algorithme unique nous permettant de pallier intelligemment l’intermittence de l’énergie solaire. En effet, la production de biochar produisant également une quantité significative de biogaz, nous pouvons optimiser la consommation de gaz pour émettre un minimum de CO2 lors de notre production tout en la gardant pilotable.

 

QUELQUES RETOURS D'EXPÉRIENCE, CONSEILS D'ENTREPRENEURS EN ACTION ! 

 

Quant est -il de vos principaux challenges ? 

Thomas : L’un des principaux challenges auquel nous avons été confrontés était de trouver notre « Product-Market Fit ». Nous avons dû pivoter à de multiples reprises depuis 2022 pour en arriver à notre situation actuelle. Nous pouvons ainsi parler d'une résilience positive, constructive. 

Alexandre : L’un des challenges est également le financement de notre première usine. Nous devons être créatifs, notamment en mixant des sources de financement public et privé pour assurer notre développement et obtenir la confiance de nos partenaires. Pour cela, nous travaillons au quotidien à embarquer nos potentiels investisseurs, partenaires, et utilisateurs de demain dans notre aventure technologique, à y adhérer, s'y impliquer et à suivre son évolution. 

 

Des entreprises, des personnes qui vous inspirent dans votre aventure ? 

Alexandre : Ce qui m'inspire le plus, c'est le travail des entreprises qui luttent activement contre le dérèglement climatique. Leur engagement et leurs innovations montrent qu'il est possible de créer des solutions concrètes à grande échelle. C’est en partie ce qui m’a motivé à développer notre activité de production de biochar, avec l’idée que chaque avancée technologique peut avoir un impact significatif sur la réduction des émissions de carbone.

Thomas : Personnellement, je suis inspiré par Elon Musk en tant qu’entrepreneur visionnaire. Même si je n’adhère pas à ses prises de position et ce qu’il incarne pour le grand public, j’admire sa capacité à mener une vision au-delà de ses entreprises. Il a réussi à révolutionner de très grosses industries en suivant une vision à long terme. Pour moi, c’est crucial d’avoir une ambition qui dépasse simplement la réussite de son entreprise et qui a un impact plus large sur notre monde.

 

Si vous pouviez donner quelques conseils aux entrepreneurs qui sont en cours de lancement ou à ceux qui sont tentés par l’entrepreneuriat dans l’innovation technologique, quels seraient-ils ? 

Thomas : Si j’avais un conseil que j’aurai aimé recevoir au début de mon expérience entrepreneuriale, ce serait de ne pas sous-estimer pas l’importance d’écouter son marché. Le succès ne repose pas uniquement sur une idée brillante mais sur sa capacité à répondre à un besoin réel. 

Soyez prêts à pivoter autant de fois que nécessaire et ne lâchez rien face aux obstacles : la persévérance est très importante mais attention à ne pas tomber dans l’obstination !

 

Le meilleur conseil que l'on vous ait donné ? 

Alexandre & Thomas : On a tous les deux reçu le conseil de se concentrer sur l’exécution de notre entreprise. Selon nous, ce conseil n’est pas souvent donné, alors que c’est une caractéristique que les investisseurs adorent voir. Avoir une bonne idée est une chose, mais la capacité à l’exécuter correctement et rapidement est ce qui fait la différence entre le succès et l’échec !

 

Le conseil à ne surtout pas suivre ? 

Thomas : L’un des pires conseils que j’ai reçu, lorsque j’étais encore dans mes études et que j’hésitais à me lancer juste après mes études a été d’attendre d’avoir la solution parfaite avant de me lancer. C’est un conseil qui est malheureusement beaucoup donné, souvent par les moins connaisseurs du monde entrepreneurial. 

En réalité, il est crucial de tester rapidement ses idées et d’obtenir des retours, même si le produit n’est pas totalement finalisé : ce n’est que comme ça qu’on peut adapter au mieux sa solution pour qu’elle trouve son marché !

 

L'AMBITION NEAMINE 

 

Comment imaginez-vous votre start-up dans quelques années ? Quelle est votre vision à long terme ? 

Thomas : Nous avons une vision ambitieuse pour Neamine : d’ici 2030, nous voulons que notre entreprise soit reconnue non seulement dans la production de biochar, mais aussi comme un acteur incontournable de la décarbonation industrielle, car nous sommes convaincus que la concentration solaire peut être une solution efficace pour décarboner d’autres industries. 

Notre objectif est d’atteindre une capacité annuelle de 150 000 tonnes de CO2 éliminées grâce à nos unités de production de biochar, contribuant ainsi activement à la lutte contre le dérèglement climatique.

Alexandre : Mais notre ambition va plus loin : Thomas et moi souhaitons également adapter notre technologie de concentration solaire, issue de nos expériences dans l’industrie aérospatiale, pour répondre aux besoins énergétiques de l’exploration spatiale, qui devrait s’accélérer dans la prochaine décennie. 

Nous croyons fermement que cette technologie sera clé pour fournir une énergie robuste et efficace aux futures technologies spatiales.

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