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Lancement du Fonds Alexandre Friedmann
Il y a 100 ans, nous pensions vivre dans un Univers fini et statique. C'était sans compter sur les travaux d'un brillant physicien qui a publié en 1922 le premier article fondateur de la cosmologie moderne : Alexandre Friedmann.
Avant le savant russe, des solutions cosmologiques aux équations très complexes de la relativité générale avaient été trouvées par Albert Einstein lui-même et par Willem de Sitter. Cependant, ces solutions décrivaient des univers statiques, figés, conformément aux croyances de l'époque. Friedmann, dans un article scientifique publié en 1922, est le premier à concevoir et à identifier des solutions décrivant un Univers non statique : un espace "en expansion", selon l'expression qu'il a inventée, malgré les réticences de ses pairs à envisager cette possibilité.
Deux ans plus tard, Friedmann récidive : il publie un autre article dans lequel il remet en cause la conception dominante jusqu'alors d'un univers fini, en trouvant des solutions décrivant un univers de volume infini.
Les concepts développés dans ces deux articles ont été relativement ignorés dans un premier temps, Einstein qualifiant encore en 1927 d'"abominable" l'idée d'un Univers en expansion. Cependant, au fur et à mesure que les observations dans ce sens s'accumulaient, la communauté scientifique a progressivement accepté ces idées révolutionnaires, qui ont également été développées par George Lemaître quelques années plus tard. Ces concepts et équations constituent dorénavant la base conceptuelle de la cosmologie, devenue depuis une science de précision. Aujourd’hui, les scientifiques étudient non seulement l’Univers dans son ensemble, mais aussi à plus petite échelle. En particulier, les trous noirs, ces astres ultra-compacts dont rien, même la lumière ne peut s’échapper, sont le siège d’effets de relativité générale qui peuvent désormais être observés.
Afin de célébrer le centenaire de l'article fondateur de Friedmann, l'École polytechnique et sa Fondation, grâce au soutien de Romain Zaleski, ont décidé de lancer le Fonds Alexandre Friedmann pour encourager diverses activités scientifiques : couvrant le large éventail de sujets associés au domaine de la cosmologie, de l'étude de l'univers primordial aux théories modifiées de la gravitation.
Parmi ces activités, le Colloquium Friedmann est un séminaire général s'adressant à un public de scientifiques et d'étudiants en sciences. Pour inaugurer ces conférences, Frank Eisenhauer de l'Institut Max Planck pour la physique du cosmos (Max Planck Institute for Extraterrestrial Physics, Allemagne) est venu à l'X pour parler aux étudiants et aux chercheurs du "trou noir du centre galactique, les effets de la relativité générale, et comment les observer". En tant que spécialiste de spectroscopie et d’interférométrie, Frank Eisenhauer a été responsable de deux instruments majeurs qui ont changé la donne en matière d’observation du ciel. SINFONI et GRAVITY, instruments installés sur les télescopes européens VLT au Chili, ont permis la caractérisation du centre de notre galaxie, la Voie lactée, et la mesure de l’orbite des étoiles et d’effets prédits par la théorie de la relativité générale comme le décalage d’Einstein et la précession de Schwarzschild. Cela a conduit à la confirmation de la présence d’un trou noir supermassif d’environ quatre millions de fois la masse du Soleil. L’exposé a raconté l’histoire de ces découvertes, jusqu’aux récentes silhouettes de trous noirs observées par l’Event Horizon Telescope.
Le lancement du Fonds Alexandre Friedmann a également été l'occasion d'inaugurer une exposition à la bibliothèque de l'École : "Regards sur Friedmann".