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Le directeur général du Trésor invite les étudiants de l’X à s’engager
Emmanuel Moulin, directeur général du Trésor, a échangé avec les étudiants des MSc&T (Master of Science & Technology) en première année, et les élèves-ingénieurs (X22) à l’occasion de sa visite à l’École polytechnique mercredi 6 septembre. Une intervention particulière en raison des liens forts tissés entre le Trésor et l’École polytechnique. « Je travaille avec de nombreux polytechniciens et un tiers de mon comité exécutif est composé d’anciens de l’X », a-t-il rappelé, s’exprimant en anglais devant un auditoire très largement international. Il a invité les jeunes étudiants à rejoindre la prestigieuse administration qui regroupe 1400 personnes, dont la moitié exerce à l’étranger.
« Nous avons besoin de science, nous avons besoin d'ingénieurs car le monde est très complexe. Nous n'avons pas toutes les réponses, mais c'est vous qui préparez celles de demain », a expliqué Emmanuel Moulin. L’ancien directeur de cabinet du ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Lemaire, a rappelé les deux grandes missions du Trésor : suivre et orienter la gestion de la trésorerie et de la dette de l'Etat, proposer et conduire, au service des ministres, la politique économique aux plans national, européen, et international.
Des propos qui faisaient écho à ceux d’Eric Labaye. Dans son mot d’accueil, le président de l’École polytechnique et de l’Institut polytechnique de Paris, dont l’X est l’un des membres fondateurs, avait souligné la position unique dont disposait à son poste Emmanuel Moulin pour partager sa vision de l’économie, de la géopolitique, de l’évolution de la dette française et de l’impact du changement climatique. « Cette école contribue par la science et tous ses développements à la résolution des problèmes les plus importants de la planète », avait-il ajouté, rappelant l’engagement de l’X au service de l’intérêt général.
Emmanuel Moulin a brossé un contexte économique mondial morose en cette rentrée 2023. « Les indicateurs avancés montrent un ralentissement au second semestre de cette année. La production industrielle mondiale reste atone, les politiques monétaires [destinées à contenir l’inflation] sont restrictives, elles affecteront l'activité économique, nous faisons face à une hausse des taux d’intérêt... »
Le directeur général du Trésor a néanmoins relevé quelques signes positifs : la bonne résistance du marché du travail, des tensions financières localisées, le ralentissement de la hausse de l’inflation qui devrait probablement conduire les banques centrales à freiner la hausse des taux d’intérêt. « L’économie française est également très résiliente », a-t-il assuré.
Dans ce contexte, Emmanuel Moulin a souligné trois défis majeurs que le Trésor veut contribuer à relever.
Un monde fragmenté
D’abord s’assurer de disposer d’une gouvernance mondiale efficace dans un monde fragmenté. « La guerre en Ukraine, les tensions américano-chinoises, l’émergence d’un bloc de pays du Sud qui veulent peser davantage sur les décisions mondiales, autant de changements géopolitiques dans un monde dominé depuis la Seconde guerre mondiale par le G7 (….) », a-t-il dit.
Une des pistes évoquées par Emmanuel Moulin tient dans une meilleure intégration de la Chine, de l'Inde, mais aussi des pays du Golfe, dans les institutions internationales. « Il faut s’assurer que chacun y soit représenté sans oublier les pays du Sud et les pays pauvres. »
« Nous devons donc aider les pays pauvres et c'est là toute l'idée derrière le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé par le président Macron en juin dernier », a-t-il poursuivi, évoquant ce rassemblement à Paris qui a réuni des représentants d’une centaine de pays, d’organisations et institutions financières internationales, d’acteurs de la société civile et d’entreprises. Son but était de poser les bases d’un système financier international renouvelé.
Deuxième défi : protéger et renforcer la souveraineté européenne et française. Emmanuel Moulin a ainsi rappelé l’agenda de Versailles, établi lors du sommet européen en mars 2022, qui fixe les objectifs : le renforcement des capacités de défense européennes, la sortie de la dépendance aux énergies fossiles russes et la construction d’une base économique plus solide pour les produits alimentaires, les produits de santé, les matières premières critiques ou les semi-conducteurs.
« Nous devons réinvestir la base industrielle en particulier dans des secteurs clés pour réaliser la transition écologique », a déclaré Emmanuel Moulin, citant comme exemple la construction d’usines de batteries électriques en Europe.
Investissements massifs et innovation
La réussite de la transition écologique exige également des investissements massifs et une innovation susceptible de nourrir la croissance à l’avenir. « Pour parvenir à l’objectif ‘Net zéro’ – objectif de neutralité carbone en 2050 préconisé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, NDLR - nous devons investir massivement pour substituer les actifs sans carbone aux combustibles fossiles. Cela signifie pour la France, 60 milliards d’euros par an à investir dans la transition écologique en plus de ce que nous y consacrons déjà », a précisé Emmanuel Moulin, ajoutant « le défi n’est pas seulement national, le changement climatique est un phénomène mondial, nous avons besoin d’une coordination internationale. »
Interrogé sur le financement de cette transition et sur la capacité française à lever de la dette, Emmanuel Moulin a répondu : « Pendant 15 ans, nous avons été chanceux avec les taux d’intérêt, mais aujourd’hui le paysage a changé. D’un côté, la charge de la dette va passer de 40 milliards d’euros en 2022 à 70 milliards en 2027. De l’autre, il est plus facile de placer des obligations qui rapportent un coupon de 3 % que celles qui en rapportent zéro, voire dont le coupon est négatif. Les investisseurs reviennent donc sur le marché obligataire. »
Le directeur du Trésor a cependant souligné la détérioration des finances publiques. « Nous devons donc faire des économies, tout en investissant en même temps dans la défense, la technologie et la transition écologique », ajoutant que les réformes lancées par le gouvernement étaient une façon de garantir plus de croissance, plus de recettes fiscales, moins de déficits et moins de dette.
Dialogue avec les enseignants-chercheurs
Au terme de ces échanges avec les étudiants, Emmanuel Moulin a dialogué avec quatre enseignants-chercheurs de l 'X: Gregory Corcos professeur associé au Département d’Économie de l’École polytechnique et spécialiste des questions d’économie internationale ; Pierre Boyer, professeur au Département d’économie de l’X et chercheur au CREST*, spécialiste des politiques publiques et des cadres réglementaires, Patricia Crifo, professeur à l’X, chercheur au CREST, spécialiste du développement et de la finance durable, de la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises et de la Croissance verte et Jean-Baptiste Michau, professeur au Département d’Économie de l’ENSAE et chercheur au CREST, spécialiste de l'économie du travail et des finances publiques.
A l’occasion de la visite du Drahi X Novation Center, le Centre d'Entrepreneuriat et d'Innovation de l'Ecole polytechnique, le directeur général du Trésor a également échangé avec Alice Li, dirigeante d’Invisensing, une start-up travaillant sur la détection à distance à base de fibre optique, pour relever des informations utiles et les intégrer dans des systèmes de contrôle et maintenance préventive, et Philippe Leborgne co-fondateur et CEO (CMAP) de RunBlind, spécialiste de l’audio augmenté appliqué au guidage universel.
Emmanuel Moulin s’est également entretenu avec Eric Labaye, Laura Chaubard, Directrice Générale de l’X, Dominique Rossin, Directeur de l’Enseignement et de la Recherche de l’École et Bruno Cattan, Directeur Entreprises, Entreprenariat et Innovation de X.
*CREST : une unité mixte de recherche CNRS, ENSAE Paris, Ecole polytechnique - Institut Polytechnique de Paris, GENES