- Accueil
- Actualités
- Le Ministre Des Armées À L’X Pour Accélérer sur L’IA de Défense
Le ministre des Armées à l’X pour accélérer sur l’IA de Défense
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a appelé les élèves ingénieurs polytechniciens et les chercheurs de l’X à prendre toute leur part dans le déploiement de la nouvelle Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de Défense (AMIAD) dont il a annoncé le lancement dès l’été 2024 à l’occasion d’une prise d’armes à l’X.
S’adressant aux élèves-officiers polytechniciens, le ministre a déclaré : « Le saut technologique que représente l’intelligence artificielle est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre ou même, plus important encore, de l’éviter comme l’atome en son temps. »
« Comme le Commissariat de l’énergie atomique avait été créé en 1945 par le général de Gaulle pour initier notre politique de dissuasion [nucléaire, ndlr], l’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de Défense a pour mission de permettre à la France de maîtriser souverainement cette technologie pour ne pas dépendre d’autres puissances », a poursuivi Sébastien Lecornu.
Dirigée par Bertrand Rondepierre (X2010) et dotée d’une enveloppe de 300 millions d’euros par an, l’AMIAD sera en partie implantée à Bruz, près de Rennes en Bretagne pour sa partie développement et production et au sein du campus de l’École polytechnique pour sa partie recherche.
Avant de présider la prise d’armes réunissant les élèves officiers polytechniciens des promotions X21 et X22, Sébastien Lecornu avait échangé avec des chercheurs en intelligence artificielle de l’École polytechnique et d’autres établissements de l’Institut Polytechnique de Paris (IP Paris), dont l’X est un des membres fondateurs.
DES MOYENS IMPORTANTS POUR L’X
L’École polytechnique, au sein d’IP Paris, est pleinement impliquée dans le développement du Centre interdisciplinaire en sciences des données et intelligence artificielle Hi ! Paris, lancé en septembre 2020, en collaboration avec HEC Paris.
L’AMIAD, qui disposera dès 2025 de son propre supercalculateur classifié « secret défense » dédié à l’IA, recrutera 300 ingénieurs et chercheurs français spécialisés dans ce domaine.
« J’attends que chacun d’entre vous puisse prendre part à l’aventure stratégique qui se jouera dès l’été où une communauté de chercheurs, pionniers de l’intelligence artificielle donneront à la France les moyens de son indépendance et de sa crédibilité technologique pour les années à venir », a dit Sébastien Lecornu.
Pour sa deuxième visite à l’X depuis son arrivée à la tête du ministère des Armées, Sébastien Lecornu a aussi souligné la portée du statut militaire des élèves ingénieurs polytechniciens.
« Parce que vous portez l’uniforme aujourd’hui, vous porterez toute votre vie une responsabilité envers le pays. Et les défis à relever pour la France sont nombreux », a souligné le ministre évoquant un contexte d’incertitudes et de crises multiples.
« Face aux sauts technologiques que représentent la menace cyber, les défis à relever dans le spatial, les fonds marins, le quantique et bien sûr l’intelligence artificielle, nous avons fait le choix d’investir, de transformer notre appareil industriel et bien sûr votre École », a poursuivi Sébastien Lecornu.
Il a en particulier rappelé qu’il avait proposé, dans le cadre de la Loi de programmation militaire, d’allouer à l’X des moyens importants : un milliard d’euros pour les sept prochaines années.
« Si la France investit autant pour votre Ecole, et donc pour vous, c’est qu’elle compte sur vous pour relever les défis technologiques que je viens de citer », a dit Sébastien Lecornu.
Dans son introduction à un échange plus informel entre le ministre et les élèves officiers, la directrice générale et présidente par intérim de l’X, l’ingénieure générale Laura Chaubard, a souligné le renforcement des liens entre l’École polytechnique, pôle d’excellence scientifique mondialement reconnu, et les Armées.
« Sous votre impulsion et celle du Délégué Général à l’Armement, l’École a considérablement renforcé ses liens avec nos Armées », a-t-elle dit en s’adressant au ministre.
« En matière de recherche, avec la dynamique très forte apportée par la création du Centre interdisciplinaire d’Études pour la Défense et la Sécurité (CIEDS) au périmètre d’IP Paris en 2021 et aujourd’hui avec l’implantation du pôle académique de l’AMIAD sur notre campus.
« En matière de formation également, avec la réintroduction cette année d’un cours obligatoire pour tous les ingénieurs sur les enjeux de défense et de sécurité. L’École renforce tous ses enseignements sur les technologies essentielles à notre défense au premier rang desquels, là encore, l’IA mais aussi la cybersécurité, les technologies quantique et nucléaire », a dit Laura Chaubard.
RESERVE ET RESILIENCE
« Renforcer les liens, c’est aussi multiplier les opportunités de contacts et de collaboration entre nos élèves et nos Armées tout au long de leurs cursus, de leurs stages et de leurs activités étudiantes », a-t-elle poursuivi.
« Cela passe enfin et surtout par la formation humaine et militaires qui leur est dispensée ici et qui leur transmet les valeurs de la communauté de défense : le sens de l’effort, du dépassement de soi, ; la force d’un collectif qu’ils doivent apprendre à fédérer, à guider mais aussi tout simplement à servir. »
« Cette double identité scientifique et militaire, toutes deux portées au plus haut degré d’exigence signe la singularité de cette École », a conclu Laura Chaubard en rappelant la devise : « Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire ».
Interrogé sur la réflexion en cours du ministère des Armées visant à doubler les effectifs des réservistes - ces civils formés comme militaires pour renforcer les forces armées actives sur le territoire national ou en opérations extérieures- et la contribution des élèves polytechniciens à cet objectif, Sébastien Lecornu a expliqué que la concomitance de crises, de conflits et d’éventuelles attaques terroristes pouvait mettre un système militaire, y compris les forces intérieures, sous forte tension. « Il faut non seulement être capable d’agir vite, mais il faut aussi être capable de durer », a souligné le ministre, évoquant la nécessité d’assurer une gestion de crises simultanées sur des périodes prolongées.
« Là, vous voyez bien que la réserve n’est plus du tout dans une logique supplétive comme cela a pu être imaginé pour de très bonnes raisons en son temps, vous voyez bien comment les réservistes s’incorporent dans les modèles d’active avec une interaction beaucoup plus forte entre le civil et le militaire. »
« J’estime qu’un élève-officier polytechnicien doit se poser la question à sa sortie de l’X de rester dans les réserves », a déclaré Sébastien Lecornu, ajoutant « A l’institution militaire de comprendre aussi vos vies parce que la disponibilité personnelle, familiale et professionnelle n’est pas toujours la même en fonction des différents âges de la vie, mais il faut garder un lien avec l’institution militaire qui permette le moment venu d’être prêt à être utile pour son pays, pour la Nation », a-t-il plaidé.
Le Forum X-Réserve, organisé le 13 février à l’École polytechnique, a permis des échanges sur les enjeux de la réserve opérationnelle et ses modalités de recrutement entre les élèves polytechniciens et une quinzaine de délégations des composantes de la Défense ainsi que de la Garde nationale.
A l’issue de son débat avec les élèves polytechniciens, le ministre s’est vu remettre un « bicorne d’honneur » de l’X, bicorne que les élèves polytechniciens portent depuis 1822.
La prise d’arme présidée par le ministre a été l’occasion de distinguer plusieurs femmes militaires en service à l’École polytechnique, alors qu’était aussi célébrée la journée internationale de lutte pour le droit des femmes. Dans son intervention Sébastien Lecornu avait rappelé l’importance du combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Visite du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, à l’X sur l’intelligence artificielle
Crédit Photo : École polytechnique - Corinne Hameau