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Le Pdg de Thales à l’X sur le rôle de la technologie face aux enjeux contemporains
Dans un monde redevenu multipolaire où les tensions géopolitiques s’exacerbent, où le dérèglement climatique va continuer et où la France a vu le poids de son industrie fortement diminuer, il faut redonner aux Armées les moyens de nous défendre, renforcer notre autonomie industrielle et technologique et accélérer la décarbonation de nos économies, a estimé Patrice Caine (X89, Ingénieur en Chef du Corps des Mines), Président-Directeur général de Thales, lors d’une intervention devant les élèves polytechniciens et étudiants de l’X.
Pour lui, les ingénieurs polytechniciens, dotés d’une formation scientifique de très haut niveau, ont pleinement vocation à relever les défis soulevés par les profondes transformations en cours.
Dans son mot d’accueil, Laura Chaubard, présidente et directrice générale de l’X, a rappelé que Thales est au cœur des enjeux de souveraineté nationaux et européens et un partenaire incontournable de la Défense.
« Thales a su prendre avec succès les virages technologiques successifs de ces dernières années, ceux du numérique, celui de l’IA, aujourd’hui celui du quantique ou encore de la fusion nucléaire, à chaque fois en collaborant avec le tissu académique et en particulier avec les laboratoires de l’X car vous êtes un partenaire de tout premier plan pour cette École et je m’en réjouis », a dit Laura Chaubard.
Un laboratoire commun a ainsi été créé avec Thales en 2022, HERACLES3, dont l’objectif est de développer des technologies à la pointe de l’innovation, fondées sur des lasers intenses, avec un potentiel d’applications majeures, aussi bien industrielles, médicales que scientifiques.
Thalès Alenia est aussi mécène de la Chaire " Espace : Sciences et Défis du Spatial ", qui ambitionne de former les professionnels de l’aérospatial de demain.
Trois chiffres : 23 , 44 , 350
Patrice Caine a pris le parti d’illustrer les trois grands défis contemporains qu’il a retenus par trois chiffres : 23, 44 et 350.
23 pour le pourcentage représenté par l’industrie dans la population active française il y a trente ans, une proportion qui a diminué de moitié depuis illustrant la désindustrialisation française et ses conséquences en termes de création de richesses, de contribution à la recherche et au développement, au maillage du territoire, à la souveraineté et à l’autonomie du pays.
44 pour le nombre de médailles remportées par les Etats-Unis au Jeux Olympiques de 1996 quand la Chine n’en avait alors remporté que 16. Aux JO de Paris, en 2024, Américains et Chinois ont fait jeu égal en termes de cumul des plus prestigieuses médailles. Une illustration pour le Pdg de Thales du retour d’un monde multipolaire, des tensions géopolitiques qui l’accompagnent avec des conflits ouverts et de haute intensité et des tensions plus larvées mais non moins prégnantes y compris dans les domaines de l’économie et des échanges commerciaux, avec aussi la remise en cause du modèle de démocratie libérale dont la chute du mur de Berlin et l’effondrement du système soviétique avait pu faire penser qu’il était appelé à se généraliser.
350 pour le nombre de parties par million de CO2 dans l’atmosphère il y a trente ans contre 420 actuellement pour souligner l’ampleur et la persistance du dérèglement climatique.
Face à ces défis, Patrice Caine a mis en avant trois priorités qui résonnent avec le groupe qu’il dirige. « Avec la résurgence des Etats-puissance et devant l’usage décomplexé de la force et de la violence par certains d’entre eux, il faut absolument redonner à nos Armées les moyens de nous défendre, de protéger les valeurs démocratiques et de protéger notre sécurité », a-t-il dit.
« Deuxième priorité, il faut absolument renforcer notre autonomie industrielle et technologique », a poursuivi le Pdg de Thales, qui est aussi vice-président de France Industrie, président du Cercle de l’Industrie et membre du Comité de surveillance des investissements d’avenir.
« Face aux risques environnementaux, il faut évidemment accélérer la décarbonation de nos économies », a-t-il martelé.
« Dans ce contexte, vous, polytechniciennes et polytechniciens qui bénéficiez d’une formation exceptionnelle, avez le devoir de rendre ce que la Nation vous a donné. Venez aider votre pays et votre continent - car l’avenir de la France ne peut pas être considéré isolément de celui de l’Europe - venez nous aider à construire les moyens de protéger l’Europe, à assurer la souveraineté de la France, venez faire de la recherche, venez développer notre industrie pour que nous ne soyons plus ou pas dépendants d’acteurs ou de pays avec lesquels nous ne partageons pas les mêmes valeurs, venez enfin inventer des moyens concrets de réduire notre empreinte environnementale. C’est avec vos idées, votre énergie, votre jeunesse et vos talents que nous réussirons à embrasser positivement ces transformations », a plaidé Patrice Caine.
Anaphore
Évoquant les réticences que peuvent susciter des parcours professionnels dits traditionnels, le Pdg de Thales a souligné que les grands groupes industriels, les grands laboratoires de recherche, privés comme publics, les grandes administrations ont besoin de collaborateurs dotés d’une formation scientifique de très haut niveau pour comprendre et appréhender des enjeux toujours plus complexes.
Revenant au groupe qu’il dirige depuis dix ans, Patrice Caine a conclu son intervention par une anaphore destinée à illustrer l’impact sociétal de polytechniciens qui ont rejoint Thales.
« Il y a chez nous des polytechniciens qui ont conçu et développé des systèmes d’aide à la navigation qui vont permettre d’économiser 10 à 15% d’émissions de CO2, c’est un impact tangible pour réduire l’empreinte des activités humaines sur la planète,
« Il y a chez nous des polytechniciens qui travaillent à la mise au point de capteurs quantiques qui pourraient un jour améliorer d’un facteur 100 à 1000 certains capteurs. Imaginez dans le domaine de la médecine un IRM qui aurait des performances augmentées par un facteur 1000 et l’impact dans la prise en charge de maladies qui ne sont aujourd’hui pas détectées,
« Il y a chez nous des polytechniciens qui ont développé les dernières générations de radars que la France a envoyés en Ukraine pour protéger le ciel ukrainien et qui sauvent des vies tous les jours,
« Il y a chez nous des polytechniciens qui ont développé des satellites de communication de dernière génération qui permettent de réduire voire de résoudre la fracture numérique », a énuméré Patrice Caine avant de répondre aux questions de son auditoire.