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Priyanka Das Rajkakati (X2013), l'une des « 30 under 30 » de Forbes India 2021

12 fév. 2021

Priyanka Das Rajkakati

C’est pendant ses études de premier cycle en Physique au collège Saint-Étienne à Delhi en Inde que Priyanka découvre l’École polytechnique et décide d’y poursuivre ses études scientifiques. Fascinée par les fractales, elle intègre l’X en 2013, inspirée par le parcours de Benoît Mandelbrot.

Pendant ses premières années d’études à l’X, Priyanka participe à plusieurs projets liés à l’espace, tels que le Caltech Space Challenge, qui est organisé par le California Institute of Technology, en collaboration avec des scientifiques du Jet Propulsion Laboratory de la NASA. Elle choisit alors en 4ème année du Cycle Ingénieur polytechnicien l’option de double-diplôme avec l’ISAE-Supaéro, réputée pour son enseignement supérieur dans le domaine de l’ingénierie aérospatiale. Priyanka y obtient son second Master, en ingénierie aérospatiale, en 2017 avant d’y poursuivre un doctorat.

Son implication dans sa formation doctorale, en convention avec Safran, ne freine pourtant pas son appétit pour d’autres projets : En 2019, sa candidature pour la 5ème édition de la Homeward Bound Antarctica Mission est retenue. Cette initiative œuvre pour accroitre l’influence des femmes bénéficiant d’une formation dans les domaines de STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) dans les décisions qui détermineront l’avenir de notre planète. De plus, impliquée dans des activités créatives, son travail artistique sera bientôt envoyé sur la lune.

Priyanka a été interceptée sur son vol vers les étoiles pour faire une escale dans la liste 2021 “30 under 30” de Forbes India (catégorie Science), qui classe les étoiles montantes indiennes de moins de 30 ans.

Félicitations pour votre inclusion dans la liste « 30 under 30 » 2021 publiée par Forbes India ! Selon vous, quels sont les facteurs clés qui ont conduit à votre nomination ?

Je dois cette distinction à toutes les personnes de mon entourage qui m’ont encouragée et soutenue dans mon approche de la vie qui est peut-être parfois peu conventionnelle.  

Durant les dix dernières années, je me suis impliquée dans plusieurs projets entremêlant l’art et la science, tels que le projet de galerie sur la lune, sur lequel travaille l’International Lunar Exploration Working Group (ILEWG). Mon œuvre artistique s’inspire beaucoup de mes premières œuvres d’art algorithmique, créées quand j’ai commencé à coder en C++ il y a presque 15 ans. Elle sera bientôt exposée dans une très grande galerie bien qu’un peu lointaine: la lune ! J’ai également participé à un programme d’artistes en résidence à l’Union européenne des géosciences (EGU) et à la mission scientifique HI-SEAS à Hawaii. Cette dernière vise à simuler une mission lunaire et implique que l’équipe soit isolée du reste du monde. J’y ai étudié, entre autres, l’importance de l’art et de la culture pour un équipage lors des missions vers d’autres planètes. Les civilisations futures dans l’espace auront également besoin d’un développement au niveau culturel.

Être nominée dans la catégorie « Science » pour mon travail artistique me ravit. Ce qui a probablement retenu l’attention est mon assiduité à réaliser des œuvres artistiques, tout en poursuivant une carrière scientifique dans les meilleures institutions. Je me sens très honorée que mon parcours inspire des jeunes en France mais aussi dans mon pays natal, l’Inde.

Pourriez-vous nous expliquer en quelques mots votre parcours académique ? Quel a été l’élément déclencheur de votre décision d’étudier à l’École Polytechnique ?

Durant mon enfance et adolescence en Inde, je me suis intéressée à l’art tout autant qu’à la science. En même temps, j’étais passionnée par l’espace et j’ai toujours rêve d’exercer un jour un métier combinant ces trois domaines, et pourquoi pas devenir spationaute !

Une fois l’école terminée, j’ai été acceptée au prestigieux Institut national de design (NID) en Inde, mais j’ai compris que je voulais d’abord explorer un parcours scientifique. J’ai donc décidé de poursuivre un Bachelor en Physique au collège Saint-Étienne qui fait aujourd’hui partie de l'université de Delhi. C’est là-bas, et grâce au professeur Jean-Marc Deshouillers (X65) que j’ai appris l’existence de l’École Polytechnique et de son programme multidisciplinaire. Le professeur Deshouillers me dit encore aujourd’hui qu’il se souvient de ma lettre de candidature, dans laquelle j’ai écrit « La science est très importante, mais je voudrais surtout venir à Paris car c’est la capitale de l’art ». J’aspirais aussi rejoindre l’École Polytechnique en raison de ses alumni incroyables. Fascinée par les fractales, je voulais respirer le même air que Benoît Mandelbrot (1924-2010, X44) qui a contribué au domaine de la géométrie fractale de manière conséquente. Je n’ai pas été déçue. Mes études à I’X m’ont ouvert des portes dans de très nombreux domaines !

En 4ème année du Cycle Ingénieur polytechnicien, j’ai intégré l’option de double-diplôme avec l’ISAE-Supaéro pour me spécialiser sur l’ingénierie spatiale, et j’y poursuis actuellement mon doctorat.

Pouvez-vous nous parler du sujet de votre thèse ? Vers quel domaine d’activité vous spécialisez-vous ?

Au cours de ma formation doctorale, je me suis spécialisée sur les systèmes de positionnement par satellites (GNSS), dont les deux systèmes les plus largement connus sont le GPS (américain) et le système Galileo (développé par l’Union européenne). J’ai pu étudier divers sujets allant du fonctionnement de GNNS (transmission de signaux provenant de systèmes satellites aux récepteurs) aux techniques de positionnement et d’estimation. Ma thèse porte sur la caractérisation des performances asymptotiques de l’estimation du retard, de la phase et du Doppler, en utilisant la théorie des bornes de Cramér-Rao.

Suivre un doctorat dans le cadre d’une convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE) permet à la fois de travailler dans l’environnement académique et de gagner de l’expérience dans l’industrie. Ma formation doctorale a impliqué que je travaille pour l’entreprise Safran en tant qu’ingénieur de recherche. Cela m’a permis d’acquérir une meilleure compréhension du fonctionnement des applications spatiales des systèmes, meilleure compréhension dont j’espère pouvoir bénéficier afin de continuer à étudier ces systèmes et, pourquoi pas, devenir un jour spationaute. 

Vous encouragez des jeunes femmes à poursuivre une carrière dans les sciences. Pourriez-vous nous parler de votre engagement pour les femmes dans les sciences ?

Oui. Comme je constante un manque manifeste de femmes dans mon environnement de travail, j’estime qu’il est important de promouvoir des métiers à caractère scientifique auprès de jeunes femmes, et la promotion de carrières professionnelles dans l’industrie spatiale me tient tout particulièrement à cœur. 

Je suis devenue ambassadrice du programme « For Girls in Science » de L’Oréal-UNESCO en 2017. Promouvoir des carrières scientifiques auprès de jeunes femmes m’a aidée à évoluer d’un point de vue personnel également. J’ai même eu l’occasion de participer à une émission de télévision depuis la Cité des Sciences et de l'Industrie à Paris, et l’émission était entièrement en français !

En 2020, j’ai fait partie d’une belle équipe au sein du Space Generation Advisory Council (SGAC), chargée d’organiser un événement dédié à la question des femmes dans l’ingénierie spatiale  (SG[France]2020 : Our Giant Leap) : Au-delà d’encourager les femmes d’intégrer le secteur, comment pourraient les entreprises rendre l’environnement de travail dans l’ingénierie spatiale plus attractif pour les femmes ? J’étais responsable du groupe de travail qui s’est penché sur le mentorat.

J’ai été sélectionnée pour rejoindre le 5ème groupe de la Homeward Bound Antarctica Mission, aux côtés de 75 femmes du monde entier. Il s’agit d’un programme de leadership qui comprend un voyage en Antarctique pour souligner, à son tour, les conséquences du réchauffement climatique sur le continent blanc. Notre groupe prévoit de neutraliser l’empreinte carbone de notre voyage par le biais de différentes activités.

X-Inde

Arriver en France et étudier entièrement en français “les espaces de Sobolev” peut être éprouvant pour un étudiant qui a vingt ans et grandi en Inde. Il y a régulièrement des étudiants indiens qui viennent sur le campus pour étudier dans le Cycle Ingénieur polytechnicien l’un des autres programmes et nous avons donc eu l’idée de fonder un groupe X-Inde. Cette branche de l’association des anciens élèves et diplômés de Polytechnique rassemblerait des étudiants et anciens du sous-continent indien afin d’accompagner les nouveaux étudiants lors de leur arrivée. Plusieurs alumni, parmi lesquels Dhruv Sharma (X2013), Jean-Luc Minet (X95), Michel Georgin (X66) et moi-même, ont lancé cette initiative grâce à l’encouragement de Jean-Marc Deshouillers (X65).

La liste des 30 under 30 de Forbes India 2021

 

 
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