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Une collaboration rayonnante – Deux chercheuses soudanaises en visite à l’X
Le Laboratoire des Solides Irradiés (LSI) de l’École polytechnique a accueilli deux physiciennes soudanaises, Fatema Mohamed de l’Université de Khartoum et Maram Ali Ahmed de la National Ribat University et de l’Al Neelain University, pour un séjour scientifique de trois mois au sein du groupe de spectroscopie théorique. Leur présence sur le campus leur a permis de se former aux méthodes théoriques développées au LSI et d’apporter un regard nouveau sur les défis scientifiques communs.
Leur séjour a été l’aboutissement d’une collaboration à distance, commencée il y a plus d’un an, entre Matteo Gatti, chercheur CNRS au LSI, et un groupe de huit jeunes chercheurs de six pays africains. Ce projet de collaboration de recherche porte sur la simulation numérique des propriétés électroniques et optiques des matériaux. Le point de départ a été une rencontre lors de l’édition 2021 de l’école panafricaine de structure électronique ASESMA1 (African School on Electronic Structure Methods and Applications). Visant à mettre en place un réseau collaboratif en Afrique sur les propriétés électroniques des matériaux, ASESMA a réuni depuis 2008 plus de 200 participants des pays d'Afrique sub-saharienne.
Soutenant la coopération scientifique entre la France et le Soudan, l’Ambassade de France au Soudan et l’Institut français régional du Soudan ont rendu possible le séjour en France de Fatema et Maram.
Grâce aux rencontres avec des collaborateurs de l’équipe du LSI, les deux chercheuses ont pu expérimenter directement quelques-unes des nombreuses applications pratiques de la théorie de la structure électronique2 : la spectroscopie au synchrotron SOLEIL, la microscopie au laboratoire de Physique des Solides de l’Université Paris-Saclay, le photovoltaïque à l'Institut Photovoltaïque d'Île-de-France, et la conservation du patrimoine au Centre de Recherche sur la Conservation au Muséum national d’Histoire naturelle.
Fatema et Maram ont inspiré à leur tour les chercheurs à travers leurs propres expériences et leur brillant parcours. La recherche étant avant tout un travail d’équipe, Matteo Gatti souligne l’importance de dépasser les barrières dues à l’isolement scientifique, très présent en Afrique : « Nous montrons que, malgré de nombreuses difficultés, la recherche de haut niveau en physique théorique est possible en Afrique et que les collaborations avec les collègues africains peuvent être très fructueuses pour les deux parties. Nous partageons les mêmes défis (par exemple la conception de nouveaux matériaux pour les énergies renouvelables) et les mêmes finalités scientifiques, notamment le développement des méthodes théoriques efficaces et sobres en besoins computationnels. Pour travailler ensemble nous n’avons pas besoin de disposer d’équipements couteux : une connexion internet est suffisante, tout en utilisant un centre de calcul en Italie pour les simulations numériques. »
Pendant leur séjour en France, les deux chercheuses ont également eu l’occasion d’assister à une école d’été dédiée à la théorie de la structure électronique pour la physique et la chimie à Aussois pour apprendre de nouvelles théories.
La collaboration avec le LSI se poursuivra sur d’autres sujets de recherche identifiés pendant leur séjour. En plus, Fatema et Maram vont mettre à profit leur expérience et proposer aux étudiants (Master et PhD) de l’université de Khartoum et l'Al-Neelain University un nouveau cours sur les méthodes théoriques avancées qui s’appuiera sur le Mooc « Density Functional Theory »3 réalisé par l’équipe du LSI de l’École Polytechnique. En 2023, Fatema Mohamed commencera dans le cadre du programme EuroTech Postdoc2 un postdoc en co-encadrement entre l’École polytechnique (au LSI) et l’École Polytechnique Fédéral de Lausanne (EPFL) sur les propriétés optiques des nouveaux matériaux à basse dimensionnalité. Une nouvelle édition d’ASESMA est programmée à l’été à l’East African Institute for Fundamental Research4 à Kigali (Rwanda) : de nouvelles collaborations avec des chercheurs africains s’annoncent déjà au LSI.
2 Pour découvrir l’un des projets de recherche de l’équipe du LSI, suivre ce lien