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Une conférence d’Alain Aspect, lauréat 2022 Prix Nobel de Physique, à l’École polytechnique
« J’ai fait la fusion entre mes deux amours, les photons et les atomes », a déclaré Alain Aspect, lauréat 2022 du Prix Nobel de Physique, lors de sa conférence à l’École polytechnique sur l’intrication quantique et la révolution de la non-localité, s’inspirant de la célèbre chanson de Joséphine Baker. Il résumait ainsi un parcours qui ne s’est pas arrêté avec les travaux qui lui ont valu le Prix Nobel.
Il aurait tout aussi bien pu dire : « j’ai deux amours, la recherche et l’enseignement », tant il l’a montré pars ses cours et ses publications savantes comme de vulgarisation (*)
« Tout le monde croie que j’ai fait une seule chose dans ma vie, le test des inégalités de Bell. C’était mon sujet de thèse et la question a été bouclée en 1983… je vous laisse calculer il y a combien d’années. Après j’ai fait un certain nombre de choses qui m’ont aussi passionné », a-t-il dit évoquant notamment ses travaux avec Philippe Grangier, qui a été comme lui professeur pendant de longues années à l’X, sur l’invention, le développement et la démonstration de la première source de photons unique au monde ou sa collaboration avec Claude Cohen-Tannoudji, Jean Dalibard et Christophe Salomon qui ont conduit Claude Cohen-Tannoudji à recevoir le prix Nobel de Physique en 1997 pour la manipulation d’atomes par laser ou encore la création d’optique atomique au sein de l’Institut d’Optique.
« Tout cela a nourri mon enseignement puisque j’ai fait pendant de nombreuses années deux enseignements d’optique quantique », a-t-il rappelé.
Au cours de l’échange avec l’auditoire à l’issue de sa conférence, Alain Aspect a été interrogé sur le risque d’une déconnexion entre la communauté scientifique et la société civile et ses représentants au regard de la complexité croissante des recherches et des avancées scientifiques. Il a estimé que les scientifiques n’étaient pas en cause mais qu’il fallait en revanche s’interroger sur la place faite à la science par la société.
« Le problème, ce ne sont pas les scientifiques. (…) Ce n’est pas la faute des scientifiques, c’est la faute de la société qui ne place pas la science dans la culture. Ecoutez les leaders d’opinion, quand ils parlent de culture ils ne pensent que littérature, musique peinture. Ils ne mettent jamais la science dans la définition de la culture. Moi, je pense que la science – je ne dis pas connaître les équations de Schrödinger – mais connaître les avancées de la science, ça fait partie de la culture tout autant que la connaissance de Victor Hugo ou de Monet ou de je ne sais qui…», a estimé Alain Aspect.
« C’est un problème de société et il remonte au fait que les leaders d’opinion sont la plupart du temps des gens qui ont fait Sciences Po, l’ÉNA, des Écoles de journalisme, des écoles dans lesquelles il n’y a pratiquement aucun cours d’éducation scientifique. Vous avez plein de gens qui nous parlent du problème de l’énergie sans même avoir en tête ce qu’est exactement la conservation de l’énergie. C’est effarant ! », a-t-il dit.
(*) notamment son ouvrage de vulgarisation « Einstein et les révolutions quantiques ». Collection de Vive voix. CNRS Éditions et « Si Einstein avait su ». Éditions Odile Jacob, à paraître début 2025.