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Workshop annuel : état de l’art de la recherche sur le cancer
Le workshop annuel « Current Trends in Cancer Modelling and Research » en novembre 2021 a permis aux étudiants polytechniciens d’entrer en contact avec des recherches de haut niveau en cancérologie. Pour Alexis Gautreau, organisateur de l’évènement dans le cadre du programme soutenu par Servier Reconstitution personnalisée du processus tumoral : « ce workshop crée une occasion d’exposer les élèves à la recherche de pointe et d’inspirer des carrières ». Les différents intervenants, issus de multiples institutions académiques et hospitalières, ont détaillé leurs sujets de manière accessible.
Pour la première présentation, Julie Plastino (Laboratoire de physique de l'École Normale Supérieure - PSL) a présenté son travail sur la migration et l'invasion des cellules cancéreuses en comparant ces dernières avec des cellules spécifiques d'un ver transparent (donc facilement observable) nommé C. elegans. Ces deux types de cellules ont la capacité de traverser l’organisme avec des mécanismes très similaires faisant entrer en jeu l’actine, l’un des « squelettes » des cellules.
Christophe Lamaze (Institut Curie) a abordé le rôle primordial de zones particulières de la membrane des cellules, appelées cavéoles, dans la capacité des cellules à absorber une pression mécanique. Or, dans un sein, les cellules sont très contraintes mécaniquement (densité de cellules et gravité). Dans le cas du cancer du sein, les cavéoles peuvent devenir non fonctionnelles, ne permettant plus d’absorber le stress mécanique et poussant les cellules cancéreuses à se disperser dans l’organisme.
La migration de groupes de cellules cancéreuses dans l’organisme est un phénomène encore mal compris aujourd’hui, comme nous l’a expliqué Fanny Jaulin (hôpital Gustave Roussy). Ses travaux, qui ont impliqué des spécialistes en microfluidique, tendent à montrer que ces groupes se déplacent en suivant un mode de contraction proche de celui des amibes.
Jacky Goetz (Centre de Recherche en Biomédecine de Strasbourg) a présenté ses travaux qui indiquent que les cellules cancéreuses préparent les lieux d’implantation de métastases grâce à la production de différents composés dans le sang. Il a illustré ses propos avec de nombreux films de haute qualité issues d’imagerie en direct de la circulation sanguine du poisson-zèbre.
Julie Gavard, (Centre de cancérologie de Nantes), a détaillé ses études sur le rôle d’une hormone, appelée Apeline, sur la formation de sphères tumorales, une structure caractéristique de tumeurs permettant une résistance accrue aux traitements. Agir sur Apeline, sans troubler ses fonctions physiologiques essentielles dans l’organisme, serait une piste thérapeutique potentielle lors d’un traitement très ciblé.
Christophe Ginestier (Centre de recherche contre le cancer de Marseille et Institut Paoli-Calmettes) a présenté un traitement anticancéreux en cours d’essais précliniques sur la souris. Ce traitement cible les cellules souches cancéreuses au cœur des tumeurs afin de les éliminer spécifiquement, abolissant ainsi la capacité des cellules cancéreuses à se multiplier indéfiniment.
La dernière intervention a été donnée par Isabelle Janoueix-Lerosey (Institut Curie), qui a présenté une étude fondamentale concernant deux types de cellules parmi celles constituant le neuroblastome, un type de cancer rare de l’enfant. Son travail montre qu’un type peut changer vers l’autre grâce à des facteurs épigénétiques, permettant de comparer les effets de chimiothérapies en fonction de l’identité des cellules pour un traitement plus personnalisé.
Ces différentes présentations, organisées dans le cadre de ce programme de mécénat, ont brossé un paysage de la recherche contribuant à la compréhension des cancers. Les élèves ont pu découvrir des recherches en interface avec la mécanique, des modèles animaux alternatifs aux mammifères (ver, poisson) ou encore les technologies d’imagerie les plus avancées.
>> à propos du programme de mécénat :
Créé en 2019, le mécénat d'enseignement et de recherche « Reconstitution personnalisée du processus tumoral » cherche à comprendre le processus qui aboutit à la formation d'une tumeur chez une patiente donnée atteinte de cancer du sein. Pour cela, les différentes altérations génétiques de la tumeur de la patiente sont introduites séquentiellement dans le génome de la cellule saine afin d’obtenir un avatar de la tumeur. Ces tumeurs recréées artificiellement permettent de mieux comprendre comment se développent les tumeurs et fournissent un système dans lequel tester différentes chimiothérapies afin d’identifier la plus appropriée à la patiente. Ce mécénat du Groupe Servier porté par Alexis Gautreau permet ainsi d’initier les élèves de l’École polytechnique à la médecine personnalisée du cancer et aux techniques d’édition du génome, grâce à une immersion complète en laboratoire.