Amphitrite : des données océaniques innovantes, fiables et précises pour prendre les bonnes décisions en mer

ALEXANDRE STEGNER, CHERCHEUR AU CNRS ET CO-FONDATEUR d’AMPHITRITE

Alexandre Stegner (Co-fondateur & CEO) est également professeur à l'École Polytechnique et fait de la recherche en océanographie physique depuis plus de 20 ans au CNRS. En travaillant avec Briac Le Vu (co-fondateur et ingénieur de recherche) sur le traitement des données satellitaires pour analyser la surface des océans, ils ont réalisé qu'il y avait un grand potentiel pour les utiliser afin de créer de la valeur. Ils étaient tous deux dans une phase où ils avaient envie de changer, de sortir de leur zone de confort et de se lancer dans l'aventure de la création d'une start-up.

Le défi ? Plusieurs satellites prennent des mesures et des images différentes avec des capteurs physiques différents. Chez Amphitrite, ils ont réussi à fusionner une partie de ces données pour décrire avec plus de précision l'océan en temps réel ! Cette fusion de multiples données augmente la fiabilité et la qualité des données d'observation satellitaires dont ils disposent.

D'où proviennent les données satellitaires ? De grandes infrastructures en Europe (Copernicus Marine Service) ou aux Etats-Unis (NOAA) centralisent ces données qui sont gratuitement mise à la disposition des laboratoires de recherche ou des entreprises privées. Il faut néanmoins un certain savoir-faire pour extraire les informations utiles de ces données brutes.

UNE EQUIPE AVEC TROIS CO-FONDATEURS

Le troisième cofondateur est Evangelos Moschos (co-fondateur et chercheur en Intelligence Artificielle). Il a commencé son doctorat à l'École Polytechnique en 2019 sous la direction d’Alexandre. L'objectif de son doctorat était d’appliquer des méthodes avancées d’IA pour les traitements des données océanographiques. Dès qu'Alexandre et Briac lui ont proposé de rejoindre le projet il s'est beaucoup impliqué dans celui-ci.

Alexandre souligne la capacité d'Evangelos à combiner un travail de recherche pointue pour sa thèse avec une forte implication dans le développement de produits qui pourront être commercialisés par l'entreprise. Evangelos terminera sa thèse en octobre !

La taille de l'équipe est actuellement de 7 personnes : les 3 co-fondateurs, une ingénieure R&D qui vient d’être embauchée et 3 stagiaires.

PARTENAIRES ET CLIENTS

Une partie de la technologie d'Amphitrite est protégée par un brevet CNRS qui a été déposé en 2021 par les co-fondateurs et dont Amphitrite a aujourd’hui la licence exclusive. Les trois co-fondateurs étant tous issu du monde de la recherche, les laboratoires du CNRS restent des partenaires de recherche clé pour la start-up.

C'est lors d'un projet ANR collaboratif avec CLS, une grande entreprise dans le domaine du traitement des données spatiales, que l’équipe d’Amphitrite a réalisée qu'il y avait de nombreuses applications et un marché potentiel pour leurs travaux de recherche. CLS et le CNES sont actuellement des partenaires dans le développement des nouveaux produits d’Amphitrite.

Amphitrite a également développée un partenariat avec Ocean Data Lab, une jeune entreprise également issue de la recherche académique, spécialisée dans le développement d'outils de traitement et de visualisation de données satellites.

Plus récemment, la start-up travaille en collaboration avec Louis Dreyfus Armateur, pour estimer les gains potentiels en temps ou en carburants que peut apporter un routage océanique à court-terme sur les routes réalisées de certains de leurs navires. Cette collaboration est essentielle à ce stade de développement de l’entreprise afin que les produits d'Amphitrite soient parfaitement adaptés aux besoins des clients ou des utilisateurs finaux.

X-UP, UN PROGRAMME INTENSE

Amphitrite faisait partie de la Promo X-UP #13 (2021) et ils ont créé la start-up à la fin de l'année 2021. C'était une expérience formatrice très enrichissante pour eux du côté du business, sachant qu'ils viennent du monde académique et de la recherche.

Le programme leur a permis d'identifier et de commencer à cibler de nombreux secteurs. Aujourd'hui, le secteur le plus important et le plus prometteur en termes de développement est la décarbonisation du transport maritime. La pression pour réduire les émissions de CO2 dans ce secteur va augmenter. Amphitrite propose des données océaniques uniques ainsi que des moyens de traitement et d’analyse pour définir une stratégie d’optimisation, à partir de données historiques, ou réaliser une optimisation en temps réel de la route et de la vitesse des navires marchands.

Conseils pour la Promo X-UP #14 ?

Une start-up, c'est être agile, être à l'écoute.

Le business plan d'Amphitrite a beaucoup changé ces derniers mois pour s'adapter aux nouvelles conditions et opportunités. Il est nécessaire de tester différents marchés et d'interagir et de discuter avec les clients dès le début.

La start-up est actuellement incubée dans l'incubateur pour start-up plus matures, X-TECH, également au Drahi-X Novation Center. La principale raison pour laquelle ils ont rejoint X-TECH était l'excellent environnement de l'École Polytechnique, outre le fait qu'ils travaillent déjà sur le campus.

L'AVENIR

L'ambition générale d'Alexandre est de réussir à promouvoir les grandes qualités de recherche de l'écosystème français et européen dans les domaines de l'océanographie et de l'IA, et en même temps de réussir à créer des entreprises leaders dans leur secteur. Plus spécifiquement, l'ambition avec Amphitrite est de créer une entreprise forte au niveau européen dans le domaine de l'oceantech et de l'IA.

En Europe, nous avons les équipes, le savoir-faire, la maîtrise pour faire de grands projets, nous devons mettre cela en avant et mieux l'exploiter.

Quelques objectifs importants pour l'avenir de la start-up :

• Lever des fonds dans les six mois à venir
• Augmenter notre chiffre d’affaire d’ici la fin d’année et dégager des bénéfices dès le premier exercice
• Finaliser une offre de données (et API) freemium en 2023, pour montrer les capacités du routage court terme en Mer méditerranée
• Démontrer que l’utilisation de données met-océan de haute fiabilité permet, des maintenant, une réduction de 5 à 15 % des émissions de CO2 dans le secteur du transport maritime sans modifier les navires existants