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Éconophysique, une nouvelle approche de l’économie
La Chaire « Econophysics & complex systems » a fêté fin 2023 ses 5 ans. Le programme a été créé en 2018 par l’École polytechnique et l’Institut Louis Bachelier, avec le soutien de son mécène Capital Fund Management (CFM). La Chaire bénéficie du soutien de CFM depuis sa création, grâce à l’initiative de Jean-Philippe Bouchaud, cofondateur et président de la société, et par ailleurs enseignant en physique à l’ENS. Les parties prenantes s’étant initialement engagées pour 10 ans, la Chaire fête ainsi un anniversaire de mi-parcours, l’occasion de faire un bilan.
En l’espace de cinq ans, les effectifs de l’équipe de recherche sont passés de deux à vingt-cinq personnes. Elle a formé plus de quatre-vingts étudiant(e)s et jeunes chercheurs et chercheuses de passage pour des stages de recherche, thèses de doctorat et postdoctorats.
« On constate un véritable engouement pour cette discipline chez les jeunes ayant une formation en mathématiques, physique, ou informatique, et qui souhaitent ensuite s’orienter vers des applications en science sociales. » précise Michael Benzaquen, responsable de la Chaire.
Étudier l’économie avec les outils de la physique
Une partie des sciences économiques consiste à étudier le comportement d’agents économiques, des entités tels que les ménages, les entreprises, ou encore les institutions publiques, qui prennent des décisions financières au quotidien. En combinant les sciences humaines et sociales, et les mathématiques appliquées, on peut modéliser leur comportement en les regroupant par catégories d’« agents représentatifs ». Toutefois, cette représentation néglige la complexité des agents et surtout de leurs interactions, i.e. le fait qu’ils s’influencent entre eux.
L’éconophysique entre en scène. A l’heure des données massives, il est désormais possible d’étudier des phénomènes économiques à plusieurs échelles. A l’instar d’un nuage de gaz (échelle macroscopique) constitué de molécules (échelle microscopique), ces phénomènes peuvent être considérés comme agrégats dont on observe les propriétés collectives (macroéconomie), mais aussi comme des agents individuels au comportements différents (microéconomie). En ce sens, les marchés financiers peuvent être assimilés à des phénomènes physiques et étudiés avec les mêmes outils.
On peut également faire l’analogie avec un banc de sardines où une nuée d’oiseaux dont le déplacement peut être observé de façon globale comme celui d’une entité propre, mais qui résulte de l’interaction de multiples individus qui s’influencent les uns les autres. Les marchés financiers peuvent faire l’objet de mouvements de foules et d’une certaine volatilité endogène (causée par le système lui-même) : parfois les prix changent sans grande raison économique et de petites fluctuations se propagent et s’amplifient.
Une équipe complémentaire et interdisciplinaire
L’équipe EconophysiX se structure comme un laboratoire, constitué de jeunes chercheurs et chercheuses aux profils différents et complémentaires. Les thèses de doctorats sont parfois co-dirigées par plusieurs personnes issues de sciences différentes, afin d’apporter aux doctorantes et doctorants un encadrement pluridisciplinaires. En effet, certains problèmes ne seraient pas solvables sans une approche pluridisciplinaire, par exemple les problématiques liées au développement durable.
« L’interdisciplinarité est essentielle pour confronter et limiter les biais de chaque discipline. On constate des différences d’approche et de méthodes, c’est en les confrontant qu’on franchit les barrières. » estime Michael Benzaquen.
Pour promouvoir et faire connaître cette approche auprès de la nouvelle génération de scientifiques, Michael Benzaquen enseigne l’éconophysique en 3e année du cycle ingénieur polytechnicien. Parmi les débouchés pourles jeunes s’intéressant à cette discipline, on compte les secteurs de la finance, des nouvelles technologies, et des politiques économiques, avec des alumni en poste par exemple au sein de BNP Paribas, QuantAI, le mécène de la Chaire CFM, ou encore dans les institutions publiques. La recherche scientifique n’est pas en reste, après leur passage à EconophysiX, environ un tiers poursuivent dans cette voie.
Avec le désir de faire connaitre leur discipline, les membres de la Chaire partagent leur travail sur les réseaux sociaux et publient en 2024, de façon bi-mensuelle, des vidéos témoignage sur la chaine YouTube de l’École polytechnique. Chaque année depuis 2020, la Chaire décerne la bourse de thèse « CFM Women in Quantitative finance » pour lutter contre les inégalités de genre en finance quantitative, un secteur dans lequel les femmes sont encore trop peu représentées. Elle a été attribuée successivement à Cécilia Brun, Salma Elomari, Natascha Hey, et Jutta Kurtz. L’appel à candidature 2024 est ouvert jusqu’’au 1er juin.
*LadHyX : une unité mixte de recherche CNRS, École polytechnique, Institut Polytechnique de Paris, 91120 Palaiseau, France